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Chronique

Première semaine : Impressions de voyage dans le nord du Viêt Nam !

C’est l’année France-Viêt Nam, et c’est le moment de visiter ce pays qui change à toute vitesse. Yves Rinauro y a passé quelques semaines. Il livre quelques extraits de son carnet de route. Tout commence par la découverte de Hanoi.



Et aussi, de ces années 1980, revient à l’esprit le mot, désormais entré dans le vocabulaire courant : boat-people. (Crédit Photo DR)
Et aussi, de ces années 1980, revient à l’esprit le mot, désormais entré dans le vocabulaire courant : boat-people. (Crédit Photo DR)
On ne voyage sans doute jamais sans raison, même si la plupart du temps, cette raison n’affleure pas à l’expression.

Pour toute une génération le nom de Viêt Nam évoque un conflit effroyable d’une cinquantaine d’années, des dégâts irrémédiables, d’abord sur les êtres mais encore sur l’environnement : près de quatre millions de morts, plus de deux millions de blessés et de mutilés, un territoire pillé, fragmenté, défolié, napalmisé, et un patrimoine architectural parfois rasé.

Et aussi, de ces années 1980, revient à l’esprit le mot, désormais entré dans le vocabulaire courant : boat-people. Dans une quinzaine de villes, à Genève notamment, des stèles rappellent le calvaire des survivants aux garde-côtes, aux pirates, et aux tempêtes. Elles agrègent en général un discours anti-communiste résolu.

 

À la faveur de réformes décisives adoptées dans les années 1990, le Vietnam  s’est sensiblement transformé.  en 2003, cinq cent mille touristes viennent parcourir le pays. (Crédit photos www.monique-abellard.fr)
À la faveur de réformes décisives adoptées dans les années 1990, le Vietnam s’est sensiblement transformé. en 2003, cinq cent mille touristes viennent parcourir le pays. (Crédit photos www.monique-abellard.fr)
Et puis : en 2003, cinq cent mille touristes viennent parcourir le pays.

L’année suivante, c’est la visite de Nguyen Cao Ky, le dernier président de la République du Vietnam, qui avait fui le pays à la chute de Saïgon, et qui plus tard, s’y réinstalle définitivement. Ils étaient plus de six millions à l’arpenter en 2013. À la faveur de réformes décisives adoptées dans les années 1990, le pays s’est sensiblement transformé. Le tourisme y a pris une forme particulière, qui privilégie l’accompagnement. C’est une activité à haute valeur ajoutée, et qui a fait le choix de mettre en avant sa culture. Ou plutôt ses cultures. Car le Viêt Nam est un feuilleté d’histoires, et de peuples. C’est d’abord une présence, qu’il faut ressentir. Si l’on ne met pas de mots sur le désir de voyage, on sait néanmoins que ce qui importe tient à sa propre disponibilité, et au pas de côté. 
 
 

Arrivée sur Hanoï

A l'arrivée sur Hanoï on est frappé par la densité de la circulation des vélos et motocyclettes qui semblent un flux continu et qu’on ne saurait fendre.(Crédit photo www.monique-abellard.fr); 2/  Partout, les cuisines de trottoir fument, et, assis sur de petits tabourets, les gens mangent le phó, dans des bols posés sur des tables basses. (Crédit photo Yves Rinauro); Au bord du lac de l’Épée restituée, le Hồ Hoàn Kiếm, les groupes de Tai Chi conjuguent les mouvements millénaires et la voie spirituelle. (Crédit photo DR)
A l'arrivée sur Hanoï on est frappé par la densité de la circulation des vélos et motocyclettes qui semblent un flux continu et qu’on ne saurait fendre.(Crédit photo www.monique-abellard.fr); 2/ Partout, les cuisines de trottoir fument, et, assis sur de petits tabourets, les gens mangent le phó, dans des bols posés sur des tables basses. (Crédit photo Yves Rinauro); Au bord du lac de l’Épée restituée, le Hồ Hoàn Kiếm, les groupes de Tai Chi conjuguent les mouvements millénaires et la voie spirituelle. (Crédit photo DR)
L’arrivée au matin à Hanoi est déjà surprenante : après douze heures d’avion, encagé dans des sièges destinés à des personnes de petite taille, alors que la conscience tangue dangereusement, on est frappé par la densité de la circulation des vélos et motocyclettes qui semblent un flux continu et qu’on ne saurait fendre. C’est par là que ça commence : inutile de chercher à prendre possession d’un passage. Il faut simplement s’engager, marcher tranquillement. Le double courant s’ouvre, les engins s’écartent, et c’est un ballet qui se déroule dont le piéton est partie prenante. Ce n’est pas de la magie, juste de l’humanité. Dans la ville ancienne, la chaleur humide monte lentement en ce mois d‘avril, et le froid qu’on avait emporté avec soi s’estompe d’autant. Partout, les cuisines de trottoir fument, et, assis sur de petits tabourets, les gens mangent le phó, dans des bols posés sur des tables basses. La rumeur de la ville est déjà intense à cette heure pourtant matinale. Les sens sont en éveil : senteur d’anis étoilé, de cannelle, de cardamome, d’herbes fraîches. Oubliée l’alimentation sans saveur de l’avion. On prend le temps. On se sustente. On déambule, dans une flânerie presque sans but, en ce matin de dimanche hanoïen. Au bord du lac de l’Épée restituée, le Hồ Hoàn Kiếm, les groupes de Tai Chi conjuguent les mouvements millénaires et la voie spirituelle. Ils « marchent sans voyager », développent chaque mouvement par une lenteur souveraine. Attentif autant que flottant, le voyageur conçoit peu à peu la part dynamique de cette concentration.

 

Dans la cour du temple de la littérature un groupe d’étudiantes (Crédit photo Yves Rinauro); Par le pont du soleil levant, on accède au temple de la montagne de Jade. Des familles ont apporté des offrandes et prient (Crédit photos www.monique-abellard.fr)
Dans la cour du temple de la littérature un groupe d’étudiantes (Crédit photo Yves Rinauro); Par le pont du soleil levant, on accède au temple de la montagne de Jade. Des familles ont apporté des offrandes et prient (Crédit photos www.monique-abellard.fr)
À la surface du lac, on ne verra pas Cu Rua, la tortue dont les apparitions sont légendaires.

Mais déjà, des photographes ont installé les trépieds, et ils attendent qu’elle pointe le museau. Par le pont du soleil levant, on accède au temple de la montagne de Jade. Des familles ont apporté des offrandes et prient. Le père est devant, assis sur les genoux. Les mains jointes, il demande aux dieux qu’ils favorisent la réussite scolaire de l’aîné. Dans la cour du temple de la littérature, on observera, un autre jour, un groupe d’étudiantes se faire photographier en tenue de diplômées, pour prêter la main aux résultats des examens, sous l’oeil impassible d’étudiants en architecture qui dessinent consciencieusement les détails des bâtiments. La tortue empaillée, morte dans les années 1970, a laissé l’autre solitaire. Je caresse un chat pelotonné en face d’elle, comme le génie protecteur de la momie. Je suis à Hanoi, c’est le matin, et je tombe de sommeil.
 

Dans l’après-midi, on marche dans ces rues parfois si étroites, autour de la cathédrale, qu’on peut à peine s’y croiser. Partout, des restaurants de rue, où des familles entières dînent. (Crédit photos Yves Rinauro)
Dans l’après-midi, on marche dans ces rues parfois si étroites, autour de la cathédrale, qu’on peut à peine s’y croiser. Partout, des restaurants de rue, où des familles entières dînent. (Crédit photos Yves Rinauro)
Dans la chambre d’hôtel, j’entends la rumeur de la vie qui a repris son cours, à mesure que la matinée a progressé : six millions cinq cent mille habitants, quatre millions de motocyclettes, quatre cent mille voitures, abreuvent la ville.

Dans l’après-midi, on marche dans ces rues parfois si étroites, autour de la cathédrale, qu’on peut à peine s’y croiser. Partout, des restaurants de rue, où des familles entières dînent. Dans le soir qui tombe, la rumeur baisse d’intensité. Les lumières vives donnent une impression de fête foraine, mesurée toutefois : des visages fermés démentent cette impression, en particulier ceux de femmes portant une palanche, dont les plateaux sont lourdement chargés de fruits et de légumes. Elles changent régulièrement d’épaule, par un précautionneux mouvement tournant, et avancent rapidement dans une démarche souple, comme pour compenser la pesanteur qui leur scie l’épaule. Elles passent dans Hàng Bo et dans les ruelles adjacentes, ombres qui se détachent de l’éclairage intense des boutiques de vêtements, de posters, de bijoux et d’autres pacotilles. On mange, on boit, on se rencontre, on bavarde bruyamment. Pipe à la bouche, installé devant une bière de Hanoi à la pression, j’observe, je scrute. Un homme s’arrête, et m’aborde. Il a la cinquantaine bronzée. Il me raconte combien Hanoi diffère de Rangoon - je veux bien le croire - et surtout de Bangkok  où, me dit-il, on ne sait plus s’amuser. J’acquiesce, je ne suis jamais allé en Thaïlande. Il continue. Il compte louer une motocyclette, car, explique-t-il, il faut que chaque kilomètre compte de ce qu’il y a à voir, et qu’il veut voir. Même dans le tourisme, on est confronté à l’illusion du productivisme. Vers 21 heures, les restaurants de trottoir commencent à fermer. J’ai quand même le temps de déguster, sur la même rue, les meilleures ravioles jamais goûtées. La cuisinière coule le liquide blanchâtre sur la plaque, qui épaissit en une texture gélatineuse qu’elle retourne prestement, la dépose dans une assiette, la farcit, la replie en deux mouvements, et tend l’assiette. Je reste un moment à regarder ces gestes.
 
Yves Rinauro
 

Plus d'infos

Année France-Viêt Nam en France
http://www.anneefrancevietnam.com/

Ce voyage a été préparé avec soin par Anaïs Velasquez, et Les Ateliers du voyage. Qu’ils en soient ici remerciés, ainsi que les guides et les chauffeurs qui nous ont accompagnés pendant ce tour, réalisé sans urgence, à un rythme tout à fait humain.

Office de tourisme du Vietnam à Paris...

Il est courant de rencontrer en pleine ville d'Hanoï ces vélos chargés de légumes cultivés dans les campagnes avoisinantes (Crédit photo www.monique-abellard.fr)
Il est courant de rencontrer en pleine ville d'Hanoï ces vélos chargés de légumes cultivés dans les campagnes avoisinantes (Crédit photo www.monique-abellard.fr)


25/10/2014
Yves Rinauro





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