Bien sûr, Phoenix, où il sera le plus pratique… d’atterrir depuis la France d’autant qu’Air France y lancera en mai prochain une nouvelle liaison en vol direct depuis Paris, ne manque pas d’atouts, qu’ils soient culturels (nombre de musées) ou gastronomiques. Ce sera pour une autre fois ! On préfèrera quitter la capitale de l’Arizona direction Flagstaff, à deux heures de route de là environ.
Étape obligatoire sur le tracé de la Route 66, Flagstaff doit sa naissance en tant que ville à l’arrivée le 1er août 1882 de la ligne de chemin de fer Atlantic and Pacific Railroad. Elle deviendra rapidement “l’arrêt” le plus populaire entre Albuquerque et les côtes de la Californie. L’expansion du commerce de son centre-ville allait suivre, avant que l’essor de la Route 66 n’y développe le tourisme, particulièrement après la Seconde Guerre Mondiale. C’est ce même downtown, soigneusement restauré ici ou là, que l’on arpente avec délectation, du McMillan Building (la plus ancienne construction de la ville en 1886 ayant abrité une banque dans un premier temps, mais qui, par… manque de fonds, laissera sa place à un hôtel) au Weatherford Hotel (1900), du théâtre The Orpheum (1917) au Monte Vista Hotel symbole de l’expansion de la ville dans les années 1920, sans oublier le Babbitt Brothers Building (1888), témoin des ambitions commerciales d’une famille de cinq frères venus s’installer ici deux ans plus tôt et dont les héritiers gérèrent le grand magasin jusqu’en 1987. On n’oubliera pas de faire un crochet par le Visitor Center qui perpétue à sa façon l’activité de l’ancienne gare construite en 1926 dans son style Tudor Revival assumé !
Mais c’est aussi en s’éloignant de son centre que Flagstaff s’apprécie, à commencer par l’incontournable Sunset Creater Volcano à une demi-heure en voiture en direction du nord-est. La dernière éruption il y a un peu plus de 900 ans (1085 selon les plus fiables estimations) du plus jeune volcan du Colorado Plateau a forgé un paysage unique qu’une ballade aménagée le long du Lava Flow Trail permet de découvrir en partie, à l’instar de dunes de centres ayant recouverts la surface de volcans plus anciens. Un immense feu à l’été 2022 en ayant ravagé 8000 hectares en à peine 48 heures ne rend le parcours que plus saisissant.
À 35 minutes à l’est de Flagstaff, le Meteor Crater n’en sera pas moins impressionnant. C’est ici qu’il y a 50000 ans, une météorite de 45 mètres de diamètre décida de terminer sa course avec une puissance 150 fois plus forte que la bombe atomique. Là encore, des sentiers balisés et des postes d’observation sont mis à la disposition du visiteur autour du cratère large de près de 1,5 kilomètre et profond de pas moins de 170 mètres. Le Discovery Center & Museum, avec ses expositions, films et expérience en immersion 4D en font un bin complément. À noter que les deux sites ont en commun – avec d’autres dans la région – d’avoir servi de lieux d’entraînement des différentes missions Apollo.
Mais quitte à vouloir s’approcher des étoiles et des planètes, le Lowell Observatory sur les hauteurs surplombant immédiatement Flagstaff sera bien plus qu’une solution alternative. C’est ici, à travers des télescopes alors à la pointe de ma technologie, que fit officiellement découverte Pluton en 1930 (mais déjà observée depuis 1915 sous le nom de “Planet X”, notamment par Perceval Lowell dont le site porte le nom). La maison historique, Pluto Discovery Home, où la découverte se fit, est donc incontournable, tout comme l’immense dôme abritant le Clark Refraktor, imposant télescope privilégié par Lowell au début du XXe siècle, ou la Rotonda Museum Open House muée en musée, avant de gagner le Giovale Open Deck Observatory où six autres télescopes dernier cri vous permettent à votre tour de scruter “au plus près” astres en tout genre. On l’aura compris : si l’Observatoire se visite de jour, c’est surtout de nuit (il est ouvert jusqu’à 22h ou 23h selon les saisons) qu’il prend toute sa saveur.
Sunset Crater Volcano. 6400 US 89. Sunset Crater-Wupatki Loop Road (FS 545). Tél. (928) 526 0502. https://www.nps.gov/sucr/index.htm Meteor Crater & Barringer Space Museum. Entre Flagstaff et Winslow. Interstate 40, sortie 233. Tél. (928) 289 5898. https://meteorcrater.com/ Lowell Observatory. 1400 West Mars Hill Road, Flagstaff. Tél. (928) 774 3358. https://lowell.edu
Jour 2. Williams : la ville de Bill Williams
À une quarantaine de minutes en voiture depuis Flagstaff, la ville fut fondée en 1881 par un trappeur montagnard passé à la postérité sous le nom de “Old Bill Williams” et qui n’alla donc pas chercher très loin pour baptiser l’endroit. La chaîne de montagnes qui le surplombe au sud se nomme également Bill Williams Mountain, abritant la plus grande forêt de pins Ponderosa. Si une statue d’argile et de plâtre de notre homme trône fièrement dans Monuments Park à l’ouest de la ville, Williams aime avant tout à se proclamer la porte d’entrée pour le Grand Canyon à près d’une heure de là. Les départs quotidiens en train du Grand Canyon Railway vers le mythique parc national (deux heures de trajet à travers la nature) offrent même une alternative qui attire l’attention de plus en plus de visiteurs. Par ailleurs, Williams a quasiment tout misé sur sa “relation” à la Route 66 qui en traverse son centre ancien au point de transformer cette artère en immense galerie commerciale avec échoppes et restaurants en tout genre, kitsch à souhait et donc aussi futiles… qu’indispensables, la palme revenant à la boutique Addicted to Route 66 dont l’appellation en dit plus long que tous les discours. Un peu plus loin toujours sur cette Route 66, le Pete’s Route 66 Gas Station Museum annonce tout autant la couleur d’emblée : un petit musée regorgeant d’objets en relation avec la mythique voie. Enfin, les amateurs de maquette trouveront un intérêt supplémentaire au Visitor Center accueillant une reconstitution de Downtown Williams datant de 1959 et qui accapara son concepteur, un ancien colonel du nom de Jim Garvey, pas moins de cinq ans sur la base de photos anciennes.
Jour 3. Grand Canyon
Qu’ajouterde plus à propos du Grand Canyon qui n’a pas déjà été dit ? Qu’il continue d’époustoufler et de s’inscrire durablement dans les rétines, que ce soit la première fois ou la dixième que son panorama vous dévoile son défilé d’improbables couleurs rouge et ocre au fil de la luminosité de la journée et de la soirée, avec des couchers de soleil purement immanquables, voire des levers pour les plus courageux ? Allez, partons là-dessus ! venant de Williams, c’est par sa rive sud (South Rim) que vous vous engouffrirez dans le parc national et une “bordure” d’une cinquantaine de kilomètres délimitée par quatre spots majeurs : Hermits Rest, Village, Visitor Center, Desert View. À partir de là, les points de vue à flanc de falaise s’enchaînent, laissant le regard se perdre… à perte de vue, le Canyon s’étendant sur près de 450 kilomètres en totalité. Hopi Point, Powell Point, Maricopa Point à l’ouest, Yaki Point, Grand View Point, Lipan Point, Navajo Point, Desert View Point (avec sa tour d’observation offrant des vues à 360°), figurent parmi les plus “aimantants”.
Dans le village et en suivant le sentier jusqu’au Visitor Center, on n’oubliera pas de s’accorder quelques pauses aux Kolb Studio, Lookout Studio, Geology Museum de Yavavai Point, bâtiments qui ont aussi fait l’histoire du Canyon et que narre avec moult détails (en anglais) le recueil Along the Rim confectionné par l’auteur Micheal F. Anderson que l’on trouvera aisément dans les non moins multiples échoppes du site.
Parcourir les différentes étapes du site pouvant s’avérer difficile en voiture individuelle (surtout à la haute saison), plusieurs compagnies offrent des possibilités d’excursion. Pink Jeep Tours est de celles-là, proposant plusieurs formules allant de deux à trois heures et des guides fourmillant de détails sur le site.
Mais pour peu que vous souhaitiez vous laisser aller à une folie (financière surtout), la découverte du Grand Canyon depuis un hélicoptère s’inscrira ni plus ni moins dans les moments marquants d’une vie (on pousse à peine). Elle sera l’occasion d’approcher au plus près les formations rocheuses et de mieux cerner les effets de l’érosion causés au fil des siècles par la Colorado River poursuivant désormais son œuvre à plus d’un mile des sommets du Canyon. La compagnie Papillon Helicopters propose à son tour différentes formules pour dès escapades dans les airs d’une demi-heure à une heure.
Trois heures de route séparent le Grand Canyon et Monument Valley. L’impression qu’ils forment un tout, voire un complément l’un de l’autre une fois de plus dans leur défilé de couleurs, n’en est que plus saisissante. Là où l’expérience de Monument Valley forge sa spécificité est dans la possibilité de la “vivre de l’intérieur” via des excursions organisées par les Indiens Navajo dont c’est là le territoire – et qui possède une grande partie de l’année son propre fuseau horaire au sein de la réserve, le Daylight Savings Time (DST), soit une heure d’avance sur le reste de l’Arizona. C’est ainsi une boucle de 17 miles à travers le site que propose la compagnie Goulding’s Lodge & Tours avec des arrêts aux abords des plus somptueuses formations de grès aux dimensions et formes laissant pantois les unes après les autres, à commencer par ses fameuses “mittens” (pour buttes), Mitchell Mitten, Merrick Mitten, du nom de deux soldats ayant servi sous Kit Carson et ayant essayé d’exploiter les mines d’argent dans le lieu sacré, Left Mitten, Right Mitten, Elephant Mitten ou Cly Butte plus loin. Impossible de ne pas citer encore ces Three Sisters, formation donnant le sentiment que trois religieuses ont été figées dans la roche ou l’incontournable John Ford’s Point, monticule si souvent aperçu dans les westerns d’antan (Le Massacre de Fort Apache, La Charge héroïque, La Prisonnière du désert, La Conquête de l’Oust, etc.) ou dans des films plus récents (Retour vers le futur 3, Thelma et Louise). D’autres concrétions renvoient plus ou moins directement aux légendes indiennes autour d’elles : Thunderbird Mesa, nommée d’après une créature mythique dont la forme a été gravée sur l’une des faces de la roche par la nature ; Rain God Mesa, plate-forme où les guérisseurs ont prié pour la pluie et qui contient un cimetière sacré.
Il ne serait pas illogique d’imaginer qu’après un Grand Canyon et une Monument Valley orgiaques en matière de reliefs “bigger than life”, entamer la redescente vers le sud de l’Arizona, ne serait-ce que pour un premier trajet de 90 minutes, à la recherche d’autres défilés de roches puisse paraître superflu. À cette nuance près que le Canyon de Chelly, à quelques encablures de Chinle, ne… l’entend pas de cette oreille. Toujours en territoire Navajo, c’est là encore la route longeant la South Tim s’étendant sur une vingtaine de kilomètres que l’on privilégiera pour en apprécier “de haut” les splendeurs, au premier rang desquelles cette stupéfiante Spider Rock, aiguille de 2,50 mètres de hauteur se dressant au milieu du canyon et considérée par les Navajos comme le centre de leur univers. Le Canyon de Chelly vaut aussi pour les vues qu’il offre sur d’anciennes habitations er ruines construites dans la roche même. Exception faite d’une unique randonnée (White House Trail), le fond du canyon ne se s’arpente pas seul, mais des guides Navajo propose des visites payantes à pied, à cheval ou en 4x4. Par ailleurs, la compagnie Thunderbird Lodge organise depuis Chinle des parcours en anciens véhicules de transports de troupes le long de la North Rim et de la South Rim ainsi que dans le Canyon avec des arrêts aux endroits stratégiques pour mieux s’en imprégner.
Thunderbird Lodge. Rural Route 7, Chinle. Tél. (928) 674-5842 et (800) 679-2473. https://thunderbirdlodge.com/tours/ Tarif adulte : 35$ (excursion de 2h), 70$ (excursion de 4h) et 150$ (excursion journée entière)
Deux heures de route supplémentaires seront alors nécessaires pour renouer avec la Route 66 et l’une de ses étapes phares : Winslow. La ville doit beaucoup au chemin de fer, à commencer par son nom, hérité d’un militaire reconverti dans l’industrie ferroviaire (et descendant direct de l’un des passagers du Mayflower fondateur de l’identité – blanche – américaine), le Général Edward F. Winslow. Si la bourgade en plein territoire Navajo fut choisie comme nœud ferroviaire en 1882, c’est notamment parce qu’elle pouvait fournir la quantité d’eau la plus aisément accessible pour les machines à vapeur de l’époque et aussi parce qu’elle constituait le point le plus facile pour franchir la Colorado River. Ce riche passé, Winslow l’entretient volontiers via son incontournable La Posada Hotel (voir plus bas) ou via son Old Trails Museum dans le centre historique recelant de collections d’objets des anciennes tribus indiennes, du Sante Fe Railroad ou en lien avec la Route 66.
C’est par ailleurs à une chanson que Winslow doit une partie de sa notoriété, “Take It Easy”, l’immense succès des Eagles composé par Jackson Browne alors qu’il n’avait probablement jamais les pieds sur place (différentes théories courent sur la question). Le fameux “corner” mentionné dans un couplet est aujourd’hui symbolisé par un mini-parc urbain pavé, le Standing on the Corner Park, à l’angle de Kinsley Avenue et de Second Street, où trônent fièrement deux statues de bronze, l’une de Glenn Frey, le guitariste-chanteur des Eagles décédé en 2016 ; et l’autre d’un dénommé “Easy” incarnant la figure du troubadour musicien.
Old Trails Museum. 212 North Kinsley Avenue, Winslow. Tél. (928) 289-5861. Ouvert du mardi au samedi de 11h à 15h. https://oldtrailsmuseum.org/ Entrée libre.
Jour 6. Glendale
Parce qu’il faut bien penser au retour au bercail, Glendale, dans la banlieue immédiate de Phoenix pourra paraître comme un bon… sas de décompression entre nature et ville. Ses nombreuses capacités hôtelières en fond aussi un transit “dortoir” de choix, favorisé par sa proximité avec l’aéroport international de Phoenix Sky Harbor. Et si l’on a du temps à perdre, autant le mettre à profit avec les multiples offres de loisirs qui y sont proposées. Les lève-tôt opteront ainsi volontiers par un vol en montgolfière pour un lever de soleil au-dessus de Deer Valley ou du Sonotan Desert, une des options (avec celle du coucher de soleil) dont la compagnie Rainbow Ryders s’est faite la spécialité. Loisir et dynamisme, tel est encore le mot d’ordre de Topgolf, attraction très prisée sur place et consistant à éprouver ses (non) talents de golfeur du haut d’immenses plateformes d’où il conviendra d’envoyer le petite balle blanche dans des trous non moins immenses et plus pu moins éloignés. La convivialité de l’expérience n’est pas sans rappeler celle que peuvent générer “nos” effrénées parties de bowling.
Rainbow Ryders Hot Air Balloon Ride Company. 7934 North Glen Harbor Boulevard, Glendale. Tél. (480) 299-0154. https://rainbowryders.com/ Vols de 45-60’ à partir de 179$ (tarif adulte). Winery 101. Topgolf. 6101 North 99th Street, Glendale. https://topgolf.com/us/glendale/. Tarif adulte à partir de 37$ selon le moment de la journée. Demi-tarif le mardi
Plus d’infos pour préparer votre ROAD TRIP en Arizona
Où dormir
Flagstaff High Country Motor Lodge Le tout dernier boutique hotel de la ville, inauguré en mai 2022. 123 chambres agencées façon motel hait de gamme, avec une esthétique mélangeant subtilement moderne et rétro à l’instar de son vaste lobby. Chambre à partir de 110$ environ. 1000 West Route 66, Flagstaff, AZ 86001. Tél. : (928) 774-5221. www.highcountrymotorlodge.com
Williams The Red Garter Inn Dormir dans un ancien bordel, c’est ce que proposent les quatre pièces en formule chambres d’hôtes de cette rouge jarretière où la modernité n’est clairement pas la priorité, lui conférant une atmosphère autrement conviviale. L’ancien saloon au rez-de-chaussée est devenu, lui, une boulangerie qui affiche vte complet, ses viennoiseries n’y étant pas étrangères. Chambre double à partir de 169$. 137 West Railroad Avenue. Tél. (800) 328-1484. www.redgarter.com
Grand Canyon Red Feather Lodge (Tusayan) Tusayan est l’ultime étape avant l’entrée du parc. Le Red Feather Lodge se distingue des autres offres d’hébergement par ses 215 chambres tout confort répartis entre l’hôtel lui-même et le lodge de base (chambres moins luxueuses), l’ensemble ayant bénéficié d’une complète rénovation en 2019. Chambre double à partir de 99$. 300 State Route 64, Tusayan, AZ 86023. Tél. : (928) 638-2414. https://www.redfeatherlodge.com.
El Tovar Hotel Dormir dans un lieu historique se mérite et le prix des chambres vous le rappelle volontiers. Construit en 1905 avec, dans la tête de son architecte Charles Whittlesey, l’idée d’un croisement entre un chalet suisse et d’une villa norvégienne, son charme suranné s’inscrit dans chacun de ses… recoins, du lobby majestueux aux 78 chambres qui ont déjà “emballé” Theodore Roosevelt, Albert Einstein, Bill Clinton, Paul McCartney, Oprah Winfrey… Serez-vous le prochain sur la liste ? Chambre double à partir de 327€. 9 Village Loop Drive, Grand Canyon Village, AZ 86023. Tél. : (928) 638-2631. https://www.grandcanyonlodges.com/lodging/el-tovar-hotel/
Monument Valley The View Inutile d’aller chercher ailleurs si votre souhait est de passer la nuit au plus près du site : The View est la seule option ! Si côté alimentation vous trouverez aisément lieux ailleurs dans tout l’état, les levers de soleil depuis le balcon de votre chambre au confort éprouvé (toutes orientées vers le parc) valent bien quelques “sacrifices” gustatifs… C’est encore du View que partent les rares randonnées escortées par des guides Navajo et dont le nom est à lui seul un appel à l’aventure : Wildcat and Mesa Rim Trails. Chambre double à partir de 189$. PO Box 360457, Monument Valley, UT 84536. Tél; : (435) 727-5555. https://monumentvalleyview.com/
Winslow La Posada Un hôtel ? Un musée ? Un monument historique ? On vous met au défi de trancher en arpentant les halls, couloirs – dont certains se muent en halls d’exposition – et chambres de l’incroyable établissement léchant l’ancienne ligne de chemin de fer. Restauré après son rachat en 1994 (et alors qu’il avait été transformé en bureaux par la Santa Fe Railroad à la fin des années 50) et entouré de jardins soigneusement aménagés, ses faux airs d’hacienda mexicaine renforcent le sentiment d’un voyage dans le temps, chaque chambre portant le nom d’un de ses anciens célèbres pensionnaires d’un jour, avec là aussi un goût vintage assumé pour la décoration. Une expérience rare ! Chambre double à partir de 159$. 303 East Second Street, Winslow, AZ 86047. Tél. : (928) 289-4366. https://laposada.org/
Où “breakfaster”/déjeuner/dîner
Flagstaff Proper Meats and Provisions On peut donc y faire ses… provisions dans sa partie boucherie. On peut aussi (surtout ?) y faire une pause déjeuner pour ses sandwiches consistants, salades, soupes et spécialités du jour du meilleur effet. Aussi appelé Grand Canyon Café. 110 East Route 66, Flagstaff, AZ 86001. Tél. : (928) 774-9001. https://www.propermeats.com Pizzicletta L’histoire veut que son nom soit la contraction de pizza et bicicletta, souvenir de son concepteur d’un périple à travers l’Italie… à vélo. Pas de réservation. 203 West Phoenix Avenue, Flagstaff, AZ 86001. Tél. : (928) 774-3242. https://www.pizzicletta.com
Williams Gateway Sandwich Company Encore des sandwiches, faits à la commande, gage de fraîcheur. Et avec des noms déjà à même d’exciter les papilles (Maricopa, Yavapai, Havasupai…) et qui méritent bien de traverser toute la ville vers l’est… 428 West Route 66, Williams, AZ 86046. Tél.: (928) 635-5397. https://gatewaysandwichco.wordpress.com
Grand Canyon (Tusayan) Big E Steakhouse Big E est le surnom d’Elling Holvorson débarqué au Canyon en 1963 avec mission de construire le pipeline amenant l’eau à la South Rim depuis l’Inner Gorge. C’est aujourd’hui un steakhouse mettant logiquement en avant la “qualité incomparable” de sa viande de bœuf servie en portions généreuses de 15h à 21h. Plats végétariens également disponibles. La décoration western pourra aussi mettre en appétit… 395 Highway 64, Tusayan, Grand Canyon, AZ 86023. Tél. : (928) 638-0333. https://bigesteakhouse.com/
Winslow Turquoise Room Le restaurant de la Posada est sans conteste l’une des meilleures tables de la ville, pour ne pas dire qu’elle écrase la concurrence. Dans une grande salle reconstituée à l’identique de son origine en 1930, c’est une cuisine volontiers inspirée southwestren contemporaine qui domine dans les intentions du chef. 303 East Second Street, Winslow, AZ 86047. Tél. : (928) 289-2888. https://www.theturquoiseroom.com/ Flatbed Ford Cafe Au rayon breakfasts faits maison, c’est là l’une des adresses régulièrement mentionnées par les guides divers et variés, à juste titre. La convivialité de l’accueil ajoute à la certitude d’avoir fait le bon choix. Également ouvert à l’heure du déjeuner. 214 North Kinsley Avenue #B, Winslow, AZ 86047. Tél. : (928) 240-8674. https://flatbedfordcafe.com/ Glendale First Watch Cette chaîne de restaurants a remporté plusieurs “awards” pour la qualité et l’innovation de ses petits-déjeuners. Une récompense tout sauf usurpée comme on pourra le constater après s’être…engouffré son Tri-Fecta (œufs accompagnés d’une gaufre ou d’un pancake multi-graines) ou de son gargantuesque Chickichanga (poulet bio, chorizo et piments verts “réunis” dans une tortilla) qu’un cocktail de jus de fruits naturels aidera à faire passer… 18255 North 83rd Avenue, Suite 106, Glendale, AZ 85308. Tél. (623) 561-0555. https://www.facebook.com/FirstWatch/
]]>
Moros y Cristianos quand la mémoire devient une fête !2023-09-03T23:10:00+02:00https://www.lindigo-mag.com/Moros-y-Cristianos-quand-la-memoire-devient-une-fete-_a1492.htmlhttps://www.lindigo-mag.com/photo/art/imagette/74655456-51924420.jpg2023-07-20T15:02:00+02:00David Raynal
A mi-chemin entre la reconstitution historique, les fêtes traditionnelles et le carnaval, les célébrations Moros y Cristianos embrasent la ville de Villajoyosa dans un joyeux tintamarre et déferlement populaire, toutes générations confondues.
Revivez en images cette fête unique qui se décline chaque année sous différentes formes dans plusieurs localités de la Costa Blanca : Villajoyosa (fin juillet), Moraira (juin), El Campello (mi-octobre), Callosa d'en Sarrià (mi-octobre) et bien sûr Alcoy dès le mois d'avril.
Un miracle initial
Tout a commencé le 29 juillet 1538, lorsque des pirates barbaresques commandés par Zalé-Arraez décidèrent d’attaquer la ville. Selon la tradition, sainte Marthe vint en aide aux habitants en provoquant un raz de marée gigantesque qui engloutit les bateaux ennemis qui venaient encercler la cité depuis le fleuve Amadoiro … A la suite de cela, les habitants de Vila Joiosa, qui signifie la ville heureuse en valencien, firent de sainte Marthe leur patronne. Un siècle plus tard, alors que la région souffrait déjà d’une cruelle sécheresse, un nouveau miracle se produisit, celui des Larmes de sainte Marthe. Le 8 mai 1653, tandis que la messe se tenait dans l’église, l’image de la sainte pleura des larmes, tandis que le roi Philippe IV signait un document qui autorisait la construction d’une retenue d’eau à Relleu. En 1753, pour le centenaire de l’événement, la municipalité décida d’organiser des célébrations diverses. C’est ainsi que sont nées officiellement les fêtes des Maures et des chrétiens qui commémorent depuis 250 ans la reconquête de la ville sur les pillards berbères.
Riche passé maritime
Villajoyosa s’enorgueillit aussi d’un riche passé maritime. La découverte du tabac par Christophe Colomb, puis son introduction en Espagne, génère un nouveau commerce. Pendant les XVIIIe et XIXe siècles, des navires partaient du port pour l'Amérique, chargés de différentes marchandises. Ils revenaient remplis de fèves de cacao dont les propriétés et les secrets de la transformation avaient été révélés par les Amérindiens aux conquistadores. Un trafic juteux qui a permis à la région d’entretenir une solide tradition de production de chocolat aujourd’hui encore perpétuée par la société Valor. Au moment de son apogée, une quarantaine de familles - contre trois actuellement- transformaient la fève de cacao dans la région. La généralisation de l’électricité au début du 20e siècle devait ensuite favoriser l’industrialisation de la production. De nos jours, l’essentiel de l'économie de Villajoyosa repose sur le tourisme.
Garde noire et Contrebandiers
Cette fête, déclarée depuis plusieurs années d'intérêt touristique international, démarre les 25 et 26 juillet par les magnifiques défilés des Maures et des chrétiens. Les différentes compagnies 11 pour les Maures et autant pour les chrétiens, rassemblent chaque soir plus de 3000 participants. Du côté des Maures, il faut citer, les Tambours, les Touaregs, les Maures du Rif, l’Artillerie de l’Islam, les Pirates barbaresques, les Bédouins ou la Garde noire. Face à eux, les chrétiens alignent fièrement les Contrebandiers, les Corsaires, les Cultivateurs, les Chasseurs, les Marins, les Pêcheurs, les Catalans. Les cortèges s’ébranlent lentement et parcourent le centre-ville d’un air royal et majestueux. Certains personnages paradent à cheval de part et d’autre des tribunes disposées pour le public sur le parcours, d’autres à dos de dromadaires ou juchés sur de somptueux chars décorés. Magnifiquement vêtus, tous défilent au rythme des tambours et des musiques spécialement composées pour leur passage. « Chaque ville, confrérie ou compagnie, symbolise par ses costumes, musiques, danses et chants un moment précis de la bataille. Certains évoquent la négociation, d’autres la fête ou bien la confrontation militaire » explique Marie-Hélène Garcia, une espagnole originaire de Villajoyosa qui vit depuis de nombreuses années en France.
Confection des costumes
Auparavant, les fêtes avaient lieu épisodiquement et ce n’est qu’à partir de 1902 que l’organisation d’une loterie de Noël a pu les financer régulièrement. Pour les plus importantes, les grandes dates furent 1926 et 1947. A partir de 1963, la fête devint annuelle. Aujourd’hui, les membres des compagnies engloutissent des sommes considérables, en moyenne plus de 500 euros par an, pour la confection des costumes et le financement des agapes. A Villajoyosa, contrairement à d’autres localités voisines, les banquets, bals et festivités, sont pour la plupart gratuits et largement ouverts au public. D’année en année, l’imagination débordante des participants ne cesse de s’exprimer par la richesse des détails ornementaux, l’authenticité des accessoires et la maitrise de l’art du maquillage. Régulièrement, des capitaines et des rois sont nommés dans chaque camp pour animer les troupes et faire grossir la cagnotte lors de l’organisation de tombolas ou d’évènements spécifiques. Lors de ces fêtes de la démesure qui s’égrènent tout au long de l’année sur la Costa Blanca et la région d’Alicante, chaque ville ou village confectionne ses propres tenues que les propriétaires remisent à domicile le reste de l’année. Cousues à la main, certaines peuvent avoisiner les 8000 euros. Aujourd’hui, les habitants aimeraient qu’un musée du costume puisse voir le jour afin de les accueillir et de mieux les préserver.
Des hymnes pour la fête
La musique est également un élément important de ces rassemblements. Réunis en bandas de musicà, les orchestres ont l’habitude de faire des promenades de rues. Toute la journée et toute la nuit les fanfares (plus de 500 musiciens) se rendent mutuellement visite et s’invitent à jouer et danser sous leurs tentes respectives, à grand renfort de boissons et de cuisine locale. En attendant bien sûr que les défilés recommencent le soir… « Chaque confrérie, dispose d’un bar attitré où ses membres et le public se retrouvent avant ou après chaque défilé pour boire et manger des tapas au son des bandas » souligne Marie-Hélène. En plus de la reprise du répertoire traditionnel, des pièces de musique spécifiques, marches maures, chrétiennes ou paso-dobles, sont régulièrement composées à la gloire d’une compagnie, d’une capitaine ou d’un roi.
Débarquement des troupes maures
Point culminant et sans équivalent dans la région, c’est au petit matin du 28 juillet qu’a lieu le spectaculaire débarquement des troupes maures. Toute la nuit, les coups de canons, de tromblons et d’arquebuses, ont retenti et résonné à intervalle régulier dans un fracas assourdissant au cœur d’une ville survoltée et sur le qui-vive. Vers cinq heures du matin, la foule s’agglutine sur la plage pour accueillir la trentaine d’embarcations chargées de figurants musulmans qui se rapprochent dangereusement de la côte. Les membres d’équipage, des garçons et des filles qui n’ont manifestement pas beaucoup dormi, sautent gaiement dans la mer chaude de l’été pour regagner la rive à la nage. Signe des temps, les débarqués se font photographier à l’arrivée en équipe pour immortaliser leurs exploits aquatiques. Symboliquement, les deux armées s’affrontent. D'un côté, les arquebusiers et les archers du château posé sur la plage qui semble tout droit sorti d’un décor hollywoodien ; de l'autre les Maures détrempés, aux yeux menaçants cernés de noir et armés de sabres recourbés. Après de nombreuses tractations aux envolées lyriques et théâtrales échangées entre les chefs de guerre des deux camps, le château sera finalement pris et occupé par les Maures.
Une grande bataille finale
L’après-midi, c’est au tour des chrétiens de reconquérir la forteresse. Ils tentent tout d’abord de convaincre les occupants de quitter la place, mais au vu de l’échec des négociations, les troupes se lancent alors dans une grande bataille finale. Les plus inconscients ou les plus hardis des deux camps plongent dans la mêlée. Les comptes de l’année se règlent à coup de chemises déchirées et de jet de sable dans les yeux. Au bout du compte, l’assaut se veut bon enfant et tourne plutôt aux grands éclats de rire. Tout le monde s’en tire avec quelques égratignures ou rougeurs dans le cou. A moins que ce ne soit la sangria ou le tinto de verano (littéralement le vin rouge de l’été à servir bien frais) qui donne déjà quelques couleurs aux joues… A l’ombre des façades multicolores du port, dont les couleurs vives proviennent des reliquats de peintures qui servaient jadis à badigeonner les bateaux de pêche, la lutte s’achève par la défaite des Maures, symboliquement rejetés à la mer Méditerranée.
Tambours et feux d’artifice
Le spectacle final est agrémenté de lumières, d'effets sonores, de battements de tambour et de feux d’artifices, lancés depuis le bout du port ou derrière le château éphémère. Ici, point de ressentiment malsain ou de désir de vengeance communautaire. Les célébrations qui s’étalent sur une semaine doivent remplir les rues de musique, de joie et d’allégresse. Elles s’achèveront le lendemain 29 juillet, jour de la sainte Marthe, par une messe solennelle dans l’église de la Virgen de la Asunción et une procession en soirée dans les rues du centre-ville, toujours en l’honneur de la patronne de la ville.
Renaissance spectaculaire
Nous l'aurons compris, depuis le Moyen-Age, les fêtes des Maures et des Chrétiens commémorent la reconquête de la péninsule ibérique et les affrontements passés entre les populations chrétiennes et musulmanes. Anciennement, elles avaient lieu dans presque toute la péninsule, puis elles se sont progressivement perdues ou bien transformées. De nos jours, nous assistons à une renaissance spectaculaire de cette tradition. Elle est actuellement célébrée dans différentes cités de l’est de la péninsule, comme la région de Murcie, Castille-La Manche ou l'Andalousie, mais aussi dans la communauté valencienne et enfin et surtout dans la province d'Alicante. C’est ici que se concentre désormais le plus grand nombre de communes, à l’image d’Alcoy, Dénia, Villajoyosa, Callosa d'en Sarrià, Moraira, El Campello et bien sûr Alicante, qui célèbrent annuellement ce type de festivités.
Coexistence pacifique
A l’heure où les peuples ont parfois du mal à se parler et s’accepter, les fêtes maures et chrétiennes, rassemblent dans un joyeux tourbillon de symboles et d’émotions, les représentants des deux communautés. Un jeu de rôle savamment codifié, dans lequel les participants ont la possibilité de changer de camp au gré de leurs envies et des circonstances. Comme un hommage à tous ceux qui ont essayé de construire durant les huit siècles de présence musulmane en Espagne, une forme singulière et unique de coexistence pacifique.
]]>
Vallées du Lot et du Célé, de cingles en falaises2017-09-03T19:38:00+02:00https://www.lindigo-mag.com/Vallees-du-Lot-et-du-Cele-de-cingles-en-falaises_a974.htmlhttps://www.lindigo-mag.com/photo/art/imagette/16635124-21366593.jpg2017-08-26T19:35:00+02:00André Degon
Dans ce pays difficilement pénétrable aux chemins malaisés, les hommes n'avaient que deux possibilité pour voyager : soit emprunter la route des crêtes sur les hauts plateaux des causses, soit utiliser la rivière pour faire transiter le trafic marchand.
Au temps où la Guyenne était anglaise, les maîtres de bateau lançaient leurs naus, grandes barques de 20 mètres dans le courant pour livrer le vin de Cahors à Bordeaux.
Mais pour repartir vers l’amont, c’était autre chose, surtout après Cahors. On remontait à contre-courant en convoi les gabarres vers Cajarc à la force des bras.
Une corde reliée au mât du bateau, animaux de traits et les matelots peinaient sur un chemin de halage parfois défoncé par les crues. Et lorsque la falaise tombait à pic dans la rivière, il fallait creuser le chemin de halage dans la roche blanche. Un travail de titan.
Celui de Bouziès qui s’étend sur près d’un kilomètre jusqu’à Saint-Cirq-Lapopie, désormais dédié aux promenades à pied ou à vélo, témoigne d’une époque ou le Lot n’était pas un long fleuve tranquille !
Un village suspendu
Accroché à une centaine de mètres à la falaise, au-dessus de la rivière, Saint-Cirq-Lapopie, élu en 2012 Village préféré des Français, est un des sites majeurs de la région et à ce titre l’un des plus visité.
Il est vrai que l’ensemble architectural est plein de charme. "Rose impossible dans la nuit", ainsi le poète surréaliste André Breton surnommait-il ce nid d'aigle courtisé par le peintre Foujita et le photographe Man Ray qu'André Maurois considérait comme "l'undes plus beaux lieux du monde." Dès le Moyen Age, cette cité nourrie de l'activité des payroliers, fabricants de chaudron accueillit des tourneurs sur bois.
La ville médiévale s'étire entre deux portes fortifiées avec de pittoresques maisons à pans de bois. Bâtie sur les restes d'une chapelle romane, l'église élève son puissant clocher-porche armé d'une échauguette.
Chef-lieu d’une vicomté au XIIIe siècle, Saint-Cirq fut partagé entre trois dynasties féodales : les Gourdon, les Cardaillac et les Lapopie, chacune disposant d’un château au-dessus de la ville médiévale.
Cénevières
En remontant le Lot, à quelques kilomètres, le château de Cénevières domine le village éponyme qui tire son nom de la culture du chanvre (chènevieres).
Et on retrouve la famille desGourdon fondateurs du domaine qui l’occupèrent durant neuf siècles. Avec le château d’Assier, Cénevières est un bel exemple de la Renaissance en Quercy. Au XVIe siècle, le château est remanié à la mode italienne : fenêtres à meneaux décorées de feuilles d’acanthe et de grenade, bâtiment central édifié avec une galerie à neuf colonnes de style toscan agrémenté de plafond à caissons peints. Un curieuse petite « salle d’alchimie » avec d’étonnantes peintures à sujets mythologiques est représentative de l’engouement qui prévalait à l’époque pour la recherche de la transmutation du plomb en or, le « Grand Œuvre ». Dans le grand salon, les actuels propriétaires, la famille de Braquilanges, ont eu la surprise de découvrir en 1970, à l’occasion de fortes pluies, un plafond à caissons décoré de vues de Constantinople, agrémenté de jacinthes et de tulipes, emblème de la Turquie. Pour la petite histoire, la fleur originaire d’Iran fut ainsi nommée tulipe pour sa ressemblance avec le tulipan, tülbent, couvre-chef turc. Le château se visite (lire A voir)
Cajarc
En quittant Cénevières, il suffit de traverser le Lot sur la rive droite pour emprunter la D 662 qui longe les falaises surmontées du village de Calvignac qui fut, à l’instar de Saint Cirq-Lapopie, le fief d’une ancienne seigneurie.
Tout arrondi autour des falaises de calcaire, le bourg de Cajarc occupe un ancien méandre du Lot que la rivière fatiguée de faire ce détour quitta il y a des millénaires pour suivre un cours plus direct. Il fait bon vivre à Cajarc, le temps s’écoule lentement au bord de l’eau. Un certain Georges Pompidou, président de la République de son état ne s’y était pas trompé, lui qui y séjournait en villégiature. Il deviendra même conseiller municipal. En mémoire de l’homme, un centre d’art contemporain qui porte son nom a été ouvert en 198. Quant à Françoise Sagan, la belle écrivaine fantasque native de Cajarc, elle a voulu revenir dans ses terres tant aimées. Elle repose à quelques lieux, dans le petit cimetière aux herbes folles de Seuzac, dans la même tombe que son second mari Robert Westhoff, face à ses parents et à son frère Jacques et sa sœur Suzanne, et non loin, sous une dalle anonyme, de son ange gardien tant aimé, Peggy Roche. Dans un autre genre, Cajarc vit également « de passage » le fameux Papy Mougeot de Coluche. La municipalité qui ne manque pas d’à-propos a d’ailleurs baptiser une rue du nom de l’humoriste.
Le Saut de la Mounine
A une dizaine de kilomètres de Cajarc, sur la rive gauche du lot, après le château de Salvagnac et le petit village aveyronnais de Saujac, la route grimpe sur le causse pour dominer le très beau cingle de Caillac que l’on observe depuis le Saut de la Mounine.
Le panorama est spectaculaire avec le château de Montbrun au loin. Si le site tire son nom d’une cascade (un saut) qui alimentait autrefois un moulin à fer (mouline), la légende qui met en scène un ermite sacrifiant sa guenon, sa mounine, pour sauver le mariage de la fille du sire de Montbrun est plus communément préférée. En continuant vers Figeac, on aperçoit le château de Larroque-Toirac, dressé contre la falaise au bord de la rive droite. D’allure spectaculaire avec sa tour élancée, l’ensemble a des airs de château de conte de fées. A quelques lieux de Figeac, le village de Faycelles abrita jadis la résidence de plaisance des abbés de Figeac. En empruntant le chemin de randonnée GR 65, on suit la route des crêtes qui mène vers la vallée du Célé.
Figeac
Disons le tout net, la découverte de Figeac fut une belle surprise. Certes la ville fait partie du réseau des grands sites de la région Midi-Pyrénées-Languedoc.
Mais elle gagne à être mieux connue. Grâce à une politique de réhabilitation du centre engagée dans les années 70, le patrimoine bâti a été restauré, nettoyé, totalement redécouvert. C’est ainsi que le visiteur peut lire comme dans un livre ouvert l’architecture civile du XIIe siècle à nos jours sans interruption, admirer les vestiges de la période Renaissance. Les maisons sont généralement construites en pierres de gré pour la partie inférieure et en colombage dans les étages. Sous les toits, les « soleilhos » sorte de greniers ouverts abrités par des toits en tuiles canal servant à sécher le linge ou les peaux sont un élément constitutif de l’architecture de Figeac.
Edifiée sur la rive nord du Célé, la cité fut prospère au Moyen-âge. Célèbre au XIIIe siècle pour ses marchands et ses banquiers qui essaimèrent un peu partout en Europe, Figeac était une des villes les plus florissantes du Midi médiéval.
AU XIVe siècle, la guerre de Cent ans sonne la fin de l’euphorie. Il faudra attendre le règne de Louis XI et la fin du XVe siècle pour voir la ville se relever. Devenue une place forte protestante prospère, de nombreux hôtels particuliers sont construits. Au XIXe siècle, Figeac fait à nouveau parler d’elle grâce à un savant érudit qui va révolutionner la lecture de l’histoire du monde méditerranéen. En effet c’est dans cette bonne ville qu’est né en 1790 Jean-François Champollion, le célèbre déchiffreur de l’écriture hiéroglyphique égyptienne à l’aide de la non moins fameuse pierre de Rosette. La ville a rendu hommage au savant par la commande en 1990 d’une reproduction agrandie (14m x 7m) de la pierre de Rosette exécutée par l’artiste américain JosephKossuth dans du granit noir du Zimbabwe. Elle fut inaugurée en 1991 dans un ensemble architectural du XIIIe siècle, la place des Ecritures, situé non loin du musée Champollion. Après deux ans de travaux, le musée créé en 1986 dans la maison natale de Champollion s’est agrandi et à rouvert ses portes en 2007. L’enrichissement des collections lui a permis de replacer l’œuvre de Champollion dans l’histoire des écritures. C’est ainsi que le musée est devenu musée Champollion-les Ecritures du monde. On trouve ainsi dans ce bâtiment médiéval où la muséographie est résolument contemporaine une histoire des quatre écritures fondatrices : les cunéiformes, les hiéroglyphes, les caractères chinois et les glyphes mayas.
Marcilhac-sur-Célé
En quittant Figeac en direction de l’aval, le Célé suit un cours presque parallèle au Lot. Se frayant un chemin dans les plateaux calcaires blancs et ocres, c’est le domaine des grottes et de l’habitat troglodyte.
Après le village d’Espagnac-Sainte-Eulalie, halte incontournable pour les pèlerins de Saint-Jacques-de-Compostelle qui peuvent se reposer dans le gîte de l’ancien prieuré, il faut absolument s’arrêter à Marcilhac-sur-Célé. L’imposante abbaye construite autour de l’église romane est un lieu de calme, de fraîcheur au bord de l’eau, propice à la méditation.
En continuant la vallée, la route aborde le village de Sauillac et son charmant petit pont. A l’origine accroché à la falaise, le village est descendu au XIXe siècle sur une terrasse surplombant la rivière. C’est le paradis des habitations troglodytes que l’on découvre en suivant un chemin à flanc de falaise.
Grotte du Pech-Merle
Un peu plus loin, le village de Cabrerets est également connu comme une halte sur le chemin de Saint-Jacques.
Il se trouve en effet sur le ¬GR 651 qui continue sur Saint-Cirq. Mais sa notoriété provient également de la présence de lagrotte préhistorique du Pech-Merle qui abrite des peintures rupestres vieilles de 20 000 ans en excellente conservation. Pour y accéder, il suffit de suivre la vallée de la Sagne avant d’obliquer sur la gauche et de suivre la D198. Longue de plus de deux kilomètres, cette grotte découverte au début du XXe siècle est intéressante pour ses soixante dix peintures représentant des animaux (mammouths, chevaux, bisons…) et chose rare, des silhouettes humaines et des mains.
A la différence de Lascaux et de Chauvet, la grotte du Pech Merle n’est pas un fac-similé, c’est pourquoi, pour une bonne conservation, les visites sont réglementées ainsi que le nombre de personnes. Visiter ce lieu, c’est faire un bon dans le temps, une incursion dans le passé de l’humanité matérialisée notamment par cette émouvante trace de pas.
En quittant Cabrerets, la route, encaissée, serpente jusqu’à Conduché. C’est là, que le Célé termine sa course avant de venir gonfler modestement le Lot.
Face à Bouziès sur l’autre rive, la D662 passe sous l’étonnant château aux Anglais, construction encastrée dans la roche percée pour laisser le passage à la route, sorte de fort-refuge où s’abritait la population au XIVe siècle.
La rivière débouche alors dans la plaine fertile avant d’enserrer Cahors dans un cingle parfait.
Le vin de Cahors
Elément constitutif de la gastronomie quercynoise, le vin de Cahors fut de tout temps ambassadeur de sa région.
Apprécié des Anglais au XIIe siècle, préféré en Russie par Pierre Le Grand, hôte de marque à la table de la couronne danoise de nos jours. Grandement touché par le phylloxéra à la fin du XIXe siècle, l’auxerrois puisque c’est le nom du cépage, également appelé Malbec fut replanté essentiellement sur la rive gauche du Lot, en aval de Cahors. La création de la cave de Parnac fit beaucoup pour la rénovation du vignoble.
L’arrivée de l’appellation d’origine contrôlée vint couronner le travail des vignerons. Actuellement de grands efforts sont faits par l’interprofession pour proposer des vins plus élaborés. Si, auparavant on parlait de vignobles des causses ou alluvionnaires, désormais les terroirs sont plus précisés, on parle même en terrasses au-dessus du Lot. Si l’offre est structurée en fonction du pourcentage du malbec ou auxerrois dans les assemblages, la typicité unique demeure facilement reconnaissable. Il n’en demeure pas moins qu’il ne reste plus grand chose des petits Cahors d’antan. Désormais la profession entend jouer dans la cour des grands. On parle même d’une appellation Grand cru à venir !
Une adresse : Château Combel-la-Serre.
Sur le coteau calcaire de Cornou, au sud-est de Cahors, Julien Ilbert exploite 22 hectares. ll fait partie de cette génération de jeunes vignerons indépendants qui veulent donner de l’élégance et du fruit au Cahors, sans systématiser le passage au bois. En conversion bio depuis 2013, Julien et son père Jean-Pierre proposent de très belles choses comme le Château Combel-la-Serre Pur fruit du Causse 100% malbec, ou auxerrois comme disent les puristes. http://www.vigneron-independant-lot.com/vignerons/chateau-combel-la-serre/
Durée de la visite, une heure. Visites nocturnes avec propriétaires en costume.
A Figeac : Musée Champollion-Les Ecritures du monde, place Champollion. 05 65 50 31 08. www.musee-champollion.com A Cahors : Le Cahors Malbec Lounge, un espace d’information et de dégustation des vins de Cahors, à côté de l’office de tourisme place François-Mitterrand. 05 65 23 82 38.
Près de la gare, cet hôtel tenu par la famille Marre depuis plus de cent ans est une institution à Cahors. Avec ses allures de grand hôtel un brin « vintage » et ses vitraux, on s’y sent vite chez soi. Rénovées les chambres sont toutes de styles différents et si vous choisissez la suite avec la terrasse, vous retrouverez une salle de bain très année 50… Chambres : de standard à Suite de 60 à 105 euros (BS), de 75 à 130 € (HS). Mais le Terminus c’est aussi le Balandre, le restaurant où officient Gilles Marre et son fils Alexandre. Une belle table de qualité servie dans une grande salle un tantinet rétro. Suprême de pigeon, pastilla d’abattis confits aux péquillos ou pannequet d’agneau du Quercy sont de beaux exercices à découvrir. Menus 48 €, 65 €. A déjeuner, une formule trois plats, la Grignote du jour pour 23 €.
Chambre d’hôtes Lou Repaou, rue de la Croix-blanche à Aujols. 05 6522 03 47. http://www.lourepaou.fr/
Odile est normande, Nano est originaire du Dauphiné, ils ont choisi le petit village d’Aujos, à une demi-heure au sud-est de Cahors pour poser leurs sacs. De leur tour du monde, ils ont gardé plein de souvenirs qui meublent leurs cinq chambres aux noms évocateurs de Népal, Australie, Pérou, Mali et Quercy (quand même !). On dira plutôt des suites vu la taille des pièces. Au choix, chambre avec hammam individuel ou baignoire balnéo. A Lou Repaou, pas de télé, wifi si vous insistez. C’est plutôt détox nature, respect de l’environnement, gestion de l’énergie (matériaux d’isolation chanvre, torchis, pompe à chaleur). Ah ! l y a aussi les ânes qui participent à la vie de la ferme. On dira ferme-accueil, car Odile et Nano ont un grand sens de l’hospitalité. Un beau lieu très attachant où tous sont les bienvenus (certaines chambres adaptées aux personnes handicapées). Piscine. Chambres 118 €, 128 € et 138 €. Lits en 160. Table d’hôtes 32 euros. A voir https://youtu.be/BThAGDM0s_8
Indépendamment de la superbe vue sur le célèbre village de Saint-Cirq-Lapopie, on trouve tout à l’hôtel éponyme : de belles chambres et suites (la suite dite chambre seigneuriale Lapopie mérite un détour), un spa digne de ce nom, un espace bien-être, un jardin agrémenté d’arbres fruitiers et de vignes et une partie Appart’hôtel. Accueil chaleureux d’Eric, le propriétaire qui ne compte pas son temps pour satisfaire ses hôtes. Chambres avec vue : de 108 € à 170€ (Seigneuriales), tous les lits sont en 180. Prix susceptibles d’évoluer en fonction de la demande. Pas de restaurant.
Figeac Hôtel le 14, parce que 14, place de l’Estang et 14 chambres. 05 65 14 08 92. http://www.le-quatorze.fr . Au cœur de Figeac, un hôtel plein de charme dans un immeuble ancien réhabilité. Trois type de chambres en fonction de leur taille : Limargue, 67 à 82 €, lit en 140, Ségala, 78 à 95 €, lit en 140, Causses, 88 à 105 €, lit en 160. Accueil attentionné de Michel et Marie-Agnès. Une belle adresse dans la cité de Champollion.
Et les plaisirs de bouche !
A Vers : La truite dorée, au bord du Lot, au carrefour de la D653 et de la D662 qui longe la rivière. Rue de la Barre. 05 65 31 41 51. http://www.latruitedoree.fr/restaurant/ Une institution de cinq générations, de mères en filles. Evelyne Marcenac et son mari, le chef Patrick perpétuent la tradition familiale dans la grande salle bien connue des amateurs. Pour le riz de veau braisé aux pates fraiches et carottes. Mais les amateurs de confits, cassoulets et autres magrets ne seront pas déçus. Un conseil : évitez de donner l’adresse à votre diététicienne !!! Menus à 16 € (déjeuners), 24,50 €, 28,50 € et 49 €. Hôtel également.
A Saint-Cirq-Lapopie : Le Gourmet quercynois, rue de la Peyrolie. 05 65 31 21 20. http://www.restaurant-legourmetquercynois.com/ Si vous séjournez à l’hôtel Le Saint-Cirq, rien de plus simple. Il vous suffit d’emprunter la navette qui vous conduira gracieusement au restaurant dans le célèbre petit village pour goûter la cuisine que concocte Arnaud et son équipe dans cette maison typique quercynoise du XVIIe siècle avec son bolet (terrasse couverte) et sa glycine. Que des classiques bien enlevés. Dans ce haut lieu touristique, grand choix d’assiettes, de formules et de menus de 13,90€, à 31 €.
A Cajarc : Le Jeu de quilles, 7, boulevard de Tour de ville. 05 65 33 71 40. Après être passé chez Bernard Loiseau, Patrice Ponsolle a présidé aux destinées du Rince-Cochon à Limogne-en-Quercy avant d’ouvrir ce bistrot-bar à vins-restaurant. Disons le tout de suite, c’est notre coup de cœur. Une cuisine vraie, franche comme l’homme, avec un grand respect du produit : porc noir de Bigorre, pièce de veau fondante et gouteuse de l’Aveyron en longue cuisson. Dans le verre des vins de terroirs bio de vignerons, introuvables et de forte personnalité. Bref une belle découverte. Menus de 20 € à36 €.
A Figeac : La Dinée du Viguier, 4, rue Boutaric. 05 65 50 08 08. www.ladineeduviguier.fr Nappes blanches, fauteuils à hauts dossiers, grande cheminée dans cette imposante salle des gardes du château du Viguier Royal où office avec malice et professionnalisme Bernard, le maître de cérémonie, véritable interface entre la salle et Daniel Authié, chef d’orchestre chargé de mettre en musique de beaux morceaux. A eux deux, ils font vivre ce très bel établissement dont l’hôtel est pour le moment fermé. Menus : 23,50 € le midi (deux plats), 32,50 € et 48 €. Pour le panaché d’agneau de lait fermier du Quercy (faitout à l’oseille, côtelette grillé au thym frais, noix roulée aux senteurs du Cause).
A Cabrerets : La Roue, sur la place. 05 65 22 91 79. Charmante et efficace Christelle ! Comment être mieux servi que par soi-même… C’est ce que s’est dit cette ancienne fonctionnaire territoriale qui a ouvert dans un ancien garage sur la place du village un restaurant comme elle aime, avec des produits frais et bons. Et le tout sans se ruiner. Alors avant de descendre dans la grotte du Pech Merle, il ne faut pas hésiter. Toutes les formules sont bonnes : de 13,80 € l’entrée seule à 27,90 € le menu trois plats, on n’a que l’embarras du choix avec la terrine de jeune poule de ferme au foie gras ou le bagel magrets de canard sauté au saté, tomate, mozzarella, Rocamadour, légume au wok, un grand classique de Christelle. Accueil pèlerins de Compostelle avec gîte.
]]>
Au pied des Carpates polonaises la singularité d’un patrimoine sacré.2016-07-12T23:42:00+02:00https://www.lindigo-mag.com/Au-pied-des-Carpates-polonaises-la-singularite-d-un-patrimoine-sacre_a867.htmlhttps://www.lindigo-mag.com/photo/art/imagette/9828277-15886513.jpg2016-07-12T20:49:00+02:00Catherine Gary
Les aléas de l’histoire ont donné à la Podkarpackie, terre injustement méconnue, un caractère fort et fier.
Une position géostratégique délicate, des frontières maintes fois remodelées…la région a souffert entre l’Ukraine, à deux pas, la Russie et l’empire Austro-Hongrois. D’encombrants voisins. Mais elle s’est aussi nourrie de cultures venues d’Orient et d’Occident.
Ceci explique en partie son remarquable patrimoine en églises romaines et orthodoxes. Dans les moindres villages de ce peuple fervent, il se décline en styles gothique ou baroque et prend chaque fois les traits des traditions locales.
Les châteaux aussi y sont légion, vestiges des lois de Casimir le Grand qui sut accorder au XIVe siècle privilèges et terres aux nobles tout en préservant la paix et la prospérité du royaume.
Lancut près de Rzeszow, le top des résidences aristocratiques
Amateurs de châteaux, venez y faire un tour, vous y verrez l’un des plus beaux palais de Pologne. Il doit sa fondation à Casimir le Grand comme il est dit plus haut, mais l’ensemble actuel de style Renaissance avec ses tours d’angle et ses solides bastions est érigé bien plus tard. Sous les Lubomirski, une grande famille locale qui s’y installe au XVIIe siècle, le Siècle d’or dit-on de la Pologne. Le théâtre et la musique animent alors les vastes salons qui accueillent les têtes couronnées d’Europe. Plus tard, en 1816, Alfred I Potocki prend possession du domaine, le modernise, y fait agencer un jardin à l’italienne et un jardin de roses –pour de purs moments de bonheur aujourd’hui - tandis qu’un vaste parc est dessiné tout autour. Vous flânez le long des sentiers bordés de buis en croisant ici ou là quelques statues d’ancêtres. Puis vous pénétrez dans le hall, très imposant, avant l’enfilade des salles au mobilier d’époque. Une étonnante galerie d’antiques mène ensuite au jardin d’hiver signe que le confort de la demeure a évolué dans le temps. Jusqu’au dernier propriétaire, descendant des Potocki qui réussit à rester dans les lieux durant la Seconde guerre mondiale puis émigre en Suisse en 1944, laissant place à l’occupant russe. Ce dernier ne s’embarrasse pas trop de l’ensemble qui est remis en état quand la Pologne retrouve son autonomie.
Une route des églises en bois inscrites au Patrimoine mondial
Elles justifient à elles seules le voyage. D’autant que les dépliants très bien faits vous proposent plusieurs itinéraires (en français) chaque fois balisés par ces trésors érigés depuis le Moyen Age. Il y en aurait une trentaine dans la région, et d’autres aussi en Ukraine, de l’autre côté de la frontière très proche. Elles ont été construites au cours des siècles par les familles nobles et les seigneurs comme signes de leur prestige dans ce pays très religieux. Le principe ? Pour les plus anciennes, des rondins disposés horizontalement se superposant jusqu’aux toitures souvent coiffées de tourelles ou de coupoles façonnées en bardeaux de pin ou de sapin. Plus tard, elles s’affinent en optant pour de fines tuiles de bois qui couvrent l’intégralité des façades et permettent plus de finesses dans le rendu des détails architecturaux. Mais vous n’avez pas encore tout vu. L’intérieur aussi a de quoi surprendre !
Des murs entièrement décorés d’icônes et de peintures
Certaines églises sont orthodoxes, d’autres catholiques romaines, d’autres uniates ou Grecques-catholiques… C’est leur décoration intérieure qui indique leur confession. Si elles comportent une iconostase, cette paroi ornée d’icônes qui sépare les fidèles du clergé, elles sont de rite byzantin. Les motifs décoratifs inspirés par la bible rappellent le principe de nos églises romanes : ils sont une bible écrite en images. On y distingue des jugements derniers qui devaient faire frissonner, des vies de saints, des Christ en majesté, des Vierges, des nativités et tout le monde céleste…
Pas un seul espace qui ne soit décoré sur ces parois dans un contraste touchant entre simplicité du bois et richesse des autels, des chaires, des icônes. Toutes ont leur charme, nichées qu’elles sont dans la campagne. Aucune n’est pareille. Citons Hachow, l’une des plus vieilles et plus grandes à rondins horizontaux dont les peintures datent de 1494 et Blizne, XVème siècle gothique, avec des peintures du XVIe siècle, toutes deux inscrites au Patrimoine mondial par l’Unesco en 2003; Chotyniec construite en 1600 est la seule à comporter une galerie extérieure menant à la tribune pour séparer les moines des fidèles ; Binarowa dont la richesse de l’intérieur est digne d’un musée ; Podhalański et des dizaines d’autres qu’il est impossible d’énumérer ici. Où que vous vous arrêtiez, vous serez émerveillés !
Le Skansen de Sanok, un étonnant village à l’ancienne
Ne passez pas à côté de ce village ethnographique, l’un des plus vastes musées en plein air d’Europe qui fait revivre un gros village en bois d’autrefois sur 38 ha d’une jolie campagne. On s’y balade en compagnie d’un guide passionnant qui vous explique dans un français parfait comment on a déplacé et remonté avec des chevilles en bois d’authentiques maisons, des fermes, une église gréco-orthodoxe, une autre gréco-catholique, une école ici, une poste là, et toutes sortes de magasins anciens qui s’animent l’après-midi au son lointain d’un orgue de barbarie.
Un vaste projet pour évoquer aussi la pauvreté et les malheurs des communautés uniates bojkos et lemkos qui vivaient là autrefois avant d’être déplacées par Staline…A la sortie et selon la saison, des marchandes vous proposent les jolis fromages fumés typiques de la région, des fruits et légumes de leur jardin. Sans oublier tous les objets en bois peint qui sont ici une spécialité.
La plus riche collection d’images sacrées !
Toujours à Sanok, voici un autre incontournable : l’une des plus belles collections de peintures et d’icônes orthodoxes actuelles. On la découvre dans le massif château de la ville, un bâtiment curieusement situé sur l’ancienne ligne Molotov, cette suite de fortifications construites en 1940 par l'Union soviétique pour renforcer ses nouvelles frontières en Pologne orientale et dans les pays baltes. Les nombreuses représentations du Christ en majesté et de la Vierge à l’enfant permettent d’apprécier les dons des différents artistes. On s’arrête plus longuement devant de vastes frasques conçues comme des bandes dessinées racontant des histoires. Comme celle du démon sortant du corps d’un pécheur où les anges accueillant les êtres sauvés dans la Jérusalem céleste…
Przemysl, une ville historique à la frontière ukrainienne
Pour finir en beauté, on se pose au moins une journée et une nuit dans cette belle cité en bordure de rivière. De jolies balades vous attendent en centre ville le long des rues pentues et pavées, entre la place du marché et ses vieilles maisons Renaissance, les nombreuses églises et couvents, la cathédrale grecque-catholique et son pendant catholique romain… Le tout dominé par l’ombre tutélaire du château perché sur sa colline, dissimulant 22km de souterrains. Dans une ambiance gaie et branchée, la rue principale s’anime le long des vitrines et des cafés. Idéal pour s’installer en terrasse et sentir l’air local en dégustant une glace.
Vous êtes dans la plus ancienne ville du sud de la Pologne après Cracovie et la troisième cité la plus fortifiée après Anvers et Verdun ! Car l’histoire fut rude avec celle qu’on nomma la Porte des Carpates, à deux pas de la frontière Ukrainienne. Elle fut souvent attaquée et très sollicitée pour, devenant tour à tour autrichienne, allemande, russe, avec des relations conflictuelles avec sa voisine ukrainienne. Mais elle a su conserver son identité et sa beauté.
Plus d'infos
S’informer :
Office de Tourisme de Pologne 10 rue Saint Augustin 75002 Paris 01 4244 19 00
Y aller :
La compagnie polonaise Lot propose 3 fois/jour des vols Paris-Rzeszow via Varsovie au départ de Paris CDG, 1 fois/jour depuis Nice. A partir de 199 euros TTC A/R www.lot.com/fr
Sur place il est conseillé de louer une voiture car les routes sont en très bon état et parfaitement signalées (en faisant attention à l’orthographe polonaise).
Dormir :
A Lancut : L'hôtel Sokol est un petit palais d’un blanc immaculé dans un joli parc. Design contemporain très classe, accueil parfait, chambres spacieuses et bon rapport qualité/prix. Excellente adresse. Hôtel Sokol http://www.hotelsokol.pl/en/about-us/hotel
Près de Krosno Un manoir parfaitement restauré dans un grand parc arboré au bord d’un lac. Très bel ensemble en tous points et excellent restaurant. Possibilité de participer à des dégustations de vins venus d’ailleurs avec l'excellent sommelier de la maison. www.dworkombornia.pl
Près de Przemysl Un conseil, dormez au château de Krasicczyn, un magnifique monument de la Renaissance polonaise parfaitement conservé. L’hôtel à l’intérieur propose des chambres spacieuses et un restaurant raffiné au décor somptueux. http://www.krasiczyn.com.pl/en
31èmes journées Mondiales de la Jeunesse ! Créées en 1986 par Jean-Paul II, le plus grand événement mondial destiné à la jeunesse a lieu cette année à Cracovie, du 26 au 31 juillet en présence du pape François. 2 millions de jeunes y sont attendus dont 40 000 Français ! Site officiel de JMJ : http://krakow2016.fr
]]>
Le Mövenpick Golden Horn d’Istanbul une boutique- hôtel au cœur du quartier authentique et tranquille de Beyup.2016-04-06T21:08:00+02:00https://www.lindigo-mag.com/Le-Movenpick-Golden-Horn-d-Istanbul-une-boutique-hotel-au-coeur-du-quartier-authentique-et-tranquille-de-Beyup_a838.htmlhttps://www.lindigo-mag.com/photo/art/imagette/9245916-14759239.jpg2016-04-03T18:24:00+02:00Richard Bayon
Avec son architecture contemporaine, ce bâtiment de huit étages seulement est sobre, mariant harmonieusement ses baies vitrées ouvertes sur la ville avec son ossature chic en acier, pierre de taille et marbre.
Chic, mais jamais ostentatoire, feutré, mais jamais trop chargé, avec un look classe, mais convivial à souhait. Un hôtel, où cohabitent une clientèle affaires de passage et des touristes venus en famille, pour une visite stanbouliote* (*tout ce qui est d’Istanbul : ndlr) et aussi des groupes en circuit.
La Mégalopole Istanbul avec ses 14 millions d’habitants, à cheval entre Occident et Orient s’étire d’Est en Ouest sur plus de 70km. Séparée par le détroit du Bosphore, long de 42 km, la partie Anatolienne en Asie fait face à la partie Rouméliote en Europe.
Axe de vie et de transit entre Russie et Méditerranée, le Bosphore, au cœur de cette ville, relie la Mer Noire à la Mer Egée, en passant par le détroit des Dardanelles et la Mer de Marmara. Ville multiculturelle, historique, fascinante et envoûtante, Istanbul (ex Byzance, et ex Constantinople) engrange autant de superlatifs que de paradoxes. Tantôt bruyante et polluée, charmeuse et romantique, fondamentaliste et libertaire, Istanbul est un laboratoire social à ciel ouvert, qui traite ses maux avec autant d’excès que de passion, mais qui jamais ne lasse ou ne laisse le voyageur indifférent.
L’hôtel Mövenpick Golden Horn est situé en aplomb de l’estuaire du même nom.
Un boutique hôtel qui est un condensé de ce que l’âme d’Istanbul sait offrir à tout moment : un chaleureux accueil oriental et un service amical et stylé. Avec ses 136 chambres au confort high-tech, tout a été pensé et équipé pour le bien être de chacun des hôtes clients.
De l’air conditionné, au wi-fi dans toutes les chambres, en passant par le bureau équipé, le mini bar et le choix de thés ou cafés à se faire dans une vraie théière et une vraie cafetière, l’hôtel a pensé à tout . Même à la taille des coffres forts individuels dans chaque chambre, qui peuvent abriter un ordinateur portable. Quant à la salle de bain, elle fait quasiment la même taille que la chambre, et offre douche et bain derrière une grande baie vitrée qui s’ouvre intimement sur votre chambre et jouit donc de la lumière naturelle, dans l’axe de votre fenêtre, mais sans vis à vis. La suite Golden Horn (Corne d’Or) dispose en plus d’une terrasse équipée d’un jacuzzi et de deux balcons à la vue imprenable.
N’oublions pas la salle de bal ou de mariage c’est selon, située au sommet de l’hôtel et ses terrasses dominant la ville des deux côtés. Et enfin, le Spa Serenity en sous sol, équipé d’un bain turc (un must dans ce pays) et aussi d’un sauna et d’une zone de relaxation après massages.
Côté restaurant tout commence par le somptueux et copieux petit-déjeuner buffet du matin. Là aussi l’Orient rencontre l’Occident avec un choix allant des soupes asiatiques, jusqu’au véritable « Breakfast » à l’anglaise, sans oublier les fruits et les yaourts bio, ou encore la farandole de confitures et yaourts frais aux fruits du pays.
Le soir venu, les hôtes apprécient la créativité du Restaurant grill Pruwa Swiss, qui avec ses 186 couverts, dont 40 en terrasse, propose une cuisine méditerranéenne, avec ici ou là, des spécialités suisses (l’origine du Groupe hôtelier) et aussi des mezzé (hors d’œuvre) à la Turc. La fameuse bière du pays appelée Efes, se dispute la vedette avec des vins turcs produits dans la partie européenne et qui progressent rapidement en qualité et finesse.
Une soirée au « Golden Horn » ne saurait s’achever sans un dernier ‘Drink’ au « Lobby Lounge & Bar ».
L'occasion d’admirer le savoir faire du personnel de bar qui sait communiquer dans bien des langues et prépare à la perfection les cocktails du jour, pendant qu’un pianiste joue des standards, laissant ainsi les hôtes s’approprier sofas et fauteuils.
Avec ce je ne sais quoi de précision suisse qui frise la perfection, sans jamais vouloir céder au paraître, l’accueil auMövenpick Golden Horn d’Istanbul reste dans la grande tradition orientale, chaleureux et personnalisé, avec une grande disponibilité de l’équipe pour rendre ce séjour parfait sinon inoubliable.
* Pierre Loti : Né le 14/01/1850 à Rochefort et mort le 10/06/1923 à Hendaye est un écrivain, officier de Marine Française et un Grand Voyageur (Tahiti, Sénégal, Japon, Turquie). Auteur prolifique et à succès, il a écrit deux œuvres importantes suites à deux séjours à Istanbul : Aziyadé (1879) et Fantôme d’Orient (1892) la suite. Son histoire d’Amour avec la belle Circassienne Aziyadé est soumise à des doutes de la part de spécialistes es-Littérature quant à l’hétérosexualité ou pas de cette relation amoureuse qui le hanta toute sa vie.
** La Corne d’Or à Istanbul : C’est un estuaire long de 7,5km ou se jettent deux rivières. Avec 750m de largeur maximale, c’est un port naturel qui s’enfonce dans la ville où seuls trois ponts impressionnants l’enjambent. Siège naval autrefois sous l’Empire Byzantin, la Corne d’Or protégeait son accès par « la Grande Chaîne » tendue entre la Tour Galata (Megalos Pyrgos en Grec) d’un côté et les quais d'Eminonu de l’autre. Ce qui ne l’empêcha pas de voir arriver moult envahisseurs à différentes époques, des envahisseurs qui contournaient la chaîne. A signaler aussi des parcs et jardins sur ses deux rives.