Épinal , un chef-lieu et une ville culturo-sportive Dans le contexte révolutionnaire de 1789 et à l’aube du Premier Empire, puis des décennies plus tard, des deux conflits planétaires, sans oublier la guerre franco-prussienne de 1870 qui marqua terriblement les habitants de l’Est de la France,
Épinal va tisser minutieusement, telle une épeire, sa toile économique et culturelle. Placée sous le vocable de
Saint-Goëry dont les reliques sont déposées dans une châsse de la
basilique Saint-Maurice, la ville est également associée à « Pinau » qui lui donna son nom. Aussi, est-ce concevable que sa statue se dresse fièrement au centre de la place éponyme, faisant ainsi l’admiration des Spinaliens. Littéralement, il en résulte l’expression : « l’enfant à l’épine ».
Au fil des siècles, tel le roseau de la fable, l’Imagerie courba l’échine mais ne rompit pas. Ancienne place forte du duché de Lorraine (son château l’atteste), Épinal jouit évidemment d’une réputation internationale grâce à l’Imagerie de son fondateur
Jean-Charles Pellerin (1796). Préalablement artisanale, elle devint une véritable industrie.. Au fil des siècles, tel le roseau de la fable, l’Imagerie courba l’échine mais ne rompit pas.
Cependant, il faudra attendre 1984 pour qu’un groupe d’actionnaires lui insuffle un élan nouveau, avec à sa tête l’imagier
Antonio Garcia… puis attendre vingt ans pour que le
Musée de l’Image soit porté sur les fonds baptismaux.
Traversée par la Moselle, Épinal est aussi solidement ancrée dans les écheveaux sportifs. En 1997, sous l’impulsion de son député-maire
Philippe Séguin, le
« Challenge de la ville la plus sportive de France » lui fut décerné par le quotidien national
L’Équipe.
Claudy Obriot et Stéphane Ringer : deux Lorrains pour un Duché Mais au-delà de cette carte postale en quadrichromie, cette ville peut rosir de fierté, en abritant l’un des plus extraordinaires fleurons gastronomiques de la région,
" Les Ducs de Lorraine ", situé dans une demeure néo-classique façon Tudor, style manoir d’outre-Manche. À la tête de ce duché au début des années 2000,
Claudy Obriot s’est associé avec son cadet
Stéphane Ringer, après une première escale spinalienne quai Colonel Sérot (1983). Une adresse qui avait été rendue célèbre jadis par le chef
Hubert Cleuvenot. Associé au piano, ces deux virtuoses composent à quatre mains pour proposer une cuisine revisitée où terroir s’harmonise avec finesse. Au final, une étoile décernée par le notoire Guide Rouge Michelin brille au firmament de l’établissement des ces « Maîtres Cuisiniers de France », tous deux issus de familles vosgienne. L’un de Vittel ; l’autre de Bruyères.
Dans les lacis culinaires lorrains, qui plus est, vosgiens, Claudy Obriot et Stéphane Ringer sont des artistes sans nul autre pareil. Mais avant de travailler de concert, ces deux « Michel-Ange » de leur profession ont eu auparavant (indubitablement) des trajectoires différentes.
Le premier, apprit l’abécédaire de son noble métier chez « Point » à Vienne avant de parfaire ses gammes dans sa région natale, dans les stations thermales contrexévilloises et vittelloises. Quant au second, il écouta religieusement les conseils du maître étoilé vosgien
Jean-Claude Aiguier, lequel fut le parangon de toute une génération de cuisiniers en devenir. Au final, leur association est un mariage culinaire mâtiné d’élégance et de subtilité… tout comme les différents intitulés de leur carte pour ne pas abjurer leur appartenance à la cité des Images. C’est-à-dire : Menu « Chaperon Rouge », « Cadet Roussel » et « Chat Botté ». Cependant, que dire des mets proposés ? Ils éveillent les sens en permanence. Les papilles sont exaltées par,
Un foie gras de canard poêlé et ananas caramélisés au miel de lavande,
Un filet de Saint-Pierre rôti à l’huile parfumée avec une purée à la vanille bourbon ou
Un soufflé de mirabelles accompagné de sa mousse glacée… pour ne citer que cela !
En péroraison, la cuisine de ces deux orfèvres (au sein de laquelle les arômes, les saveurs, les épices sont conjugués avec délicatesse) est riche et variée mais en évolution permanente et en adéquation avec la société actuelle. Incontestablement, Épinal a su, en permanence, s’adapter aux circonstances de son époque, et devenir un des éléments phares du « Sillon Lorrain » au même titre que les deux autres cités majeures régionales : Metz et Nancy.
Bertrand Munier
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