lindigo-mag.comhttps://www.lindigo-mag.com/2024-03-29T14:32:18+01:00Webzine Maker47.30145932.5206592Françoise Livinec, galeriste et éditrice d’art2014-03-19T16:37:00+01:00https://www.lindigo-mag.com/Francoise-Livinec-galeriste-et-editrice-d-art_a560.htmlhttps://www.lindigo-mag.com/photo/art/imagette/6425562-9696309.jpg2014-03-18T23:40:00+01:00David Raynal et Yann Menguy
Avec Françoise Livinec, l’art est à bonne école. Celle des filles bien sûr au Huelgoat dans le département du Finistère en Bretagne, mais aussi des garçons à Paris dans sa petite galerie installée au 29 avenue Matignon.
Tout au long de l’année, cette dévoreuse de talents passionnante et passionnée accueille et met en scène dans ses trois espaces d’art, les œuvres d’artistes modernes et contemporains, parmi lesquels : Zuka, Irène et Léon Zack, Pierre Tal-Coat, Paul Sortet,Georges Sabbagh, Maurice Estève, Mathieu Dorval ou encore René Quéré.
Le parcours professionnel de Françoise Livinec débute au milieu des années 80 en tant que commissaire-priseur. Puis la vie l’amène à suivre une formation de psychologue tout en étant vendeuse chez un brocanteur aux "Puces" de Saint-Ouen. En 2004, elle quitte définitivement le monde médical pour ouvrir sa première galerie avenue Matignon dans le 8e arrondissement de la capitale. Quatre ans plus tard, elle entreprend, à la stupéfaction générale, d’installer dans le garage de la maison de sa grand-mère dont elle vient d’hériter au Huelgoat une seconde galerie d’art. Contre toute attente, la Maison du lac, c’est son nom, connait d’emblée auprès du public un beau succès artistique et commercial. Françoise Livinec se lance alors un nouveau défi. Plutôt que de réinvestir les bénéfices des tableaux vendus à Paris, elle achète en 2009 à la mairie du Huelgoat l’ancienne école communale des filles. Une nouvelle aventure était née en plein cœur du centre Bretagne.
Objet muséal non identifié
Construite en 1910, l’École des filles dans les monts d’Arrée est bientôt réhabilitée en un espace d’art et d’exposition. Le bâtiment de 800 m², véritable « objet muséal non identifié » selon les dires de Françoise Livinec attire chaque année plus de 10 000 visiteurs.
Il surplombe le chaos granitique et la forêt profonde du Huelgoat qui ont tant inspiré les poètes, les écrivains et les peintres de l’école de Pont-Aven. L’association des Amis de l’École des Filles a été fondée dans la foulée en 2010. Elle a pour objectifs d’offrir une lecture transhistorique des œuvres d’hier et d’aujourd’hui, et d’initier des liens avec les institutions culturelles et étrangères poursuivant un objet analogue. Ses activités consistent notamment à organiser des expositions, des conférences, des ateliers pédagogiques et des rencontres avec des auteurs, artistes compositeurs et réalisateurs. L’association apporte également son soutien à la réalisation de publications, et d’une manière générale à toute entreprise tendant à la connaissance de l’art et de la culture auprès du public. En saison, les week-ends sont aussi l’occasion de décloisonner les arts et de créer des temps forts avec le grand public par le biais d’ateliers, de débats, de lectures et de concerts.
Depuis son ouverture il y a cinq ans, l’Ecole des filles s’est fait une place dans le paysage de l’art moderne et contemporain en Bretagne aux côtés du Fonds Hélène et Edouard Leclerc aux Capucins, par sa programmation originale et audacieuse qui casse les codes, mélange les genres et bouscule les habitudes.
Aux beaux jours, la Maison du lac, se transforme, quant à elle, en cabinet du collectionneur.
Les visiteurs peuvent ainsi découvrir ce troisième espace d’art composé à la manière d'un cabinet de curiosités, rassemblant des œuvres et des objets de genres et d'époques variés, réunis par un collectionneur fictif. Un lieu singulier et insolite, librement inspiré de la demeure du romancier, aventurier et poète, Victor Segalen, mort dans la forêt du Huelgoat en 1919, dans des circonstances mystérieuses.
Un album inédit de Tristan Corbière
Toujours à la recherche des chemins de traverse, les éditions Françoise Livinec ont dernièrement publié un album inédit de 30 feuillets de textes et de peintures créé par le poète Tristan Corbière (1845-1875) à la fin des années 1860.
Ce manuscrit, que l’on croyait perdu, a appartenu à Jean Moulin qui avant d’être le héros de la Résistance que nous connaissons, a été le sous-préfet de Châteaulin dans le Finistère et l’ami du poète Quimpérois Max Jacob. Admiré des Surréalistes et d’Ezra Pound, Tristan Corbière était jusqu’ici connu pour son recueil Les Amours jaunes, publié confidentiellement en 1873 et découvert par Verlaine dix ans plus tard. On savait que le poète, qui était également peintre et caricaturiste, avait créé un important album quelques années avant de publier son livre. Jean Moulin, passionné par Corbière dont il voulait écrire une biographie, avait acquis l’album avant que n’éclate la Seconde Guerre mondiale. Mais cette œuvre était considérée comme perdue depuis 1975.
Doctorant en littérature française, Benoît Houzé a enquêté pendant plusieurs mois avant de retrouver la piste de l’album en Écosse, dans la succession d’une amie de Laure Moulin, sœur du résistant. En 140 ans, l’album est passé dans les mains de huit propriétaires différents mais est resté, par miracle, en parfait état.
Dans Roscoff – « Roscoff » écrit à l’envers –, Tristan Corbière décrit et peint ses contemporains de la côte du Finistère. Mendiants, pilleurs d’épaves, matelots, douaniers, gendarmes, touristes et commerçants sont représentés avec vitalité et humour. Corbière multiplie les innovations artistiques et poétiques : son album fait souvent penser à des œuvres d’avant-garde du siècle suivant. L’artiste cherche une nouvelle manière de peindre et d’écrire la Bretagne. Collages, montages, déchirures, œuvres parodiques et marines spectrales confèrent à l’ensemble une étonnante modernité. Sur le plan poétique, Corbière se révèle être, avec cet album, l’un des premiers poètes français à libérer le vers traditionnel ; il supprime parfois la ponctuation, 40 ans avant Guillaume Apollinaire, et tente de retranscrire le parler populaire de sa région.
Ouvert de juin à septembre, les deux espaces du Huelgoat ont la particularité d’attirer un public de néophytes, mais aussi des grands collectionneurs internationaux, des personnalités du monde économique ou politique ou encore des professionnels du monde de l’art. En attendant l’été et la tentation de l’Armorique, rien ne vous empêche d’aller flâner en ce début de printemps précoce du côté de l’avenue Matignon, à la découverte de l’univers pictural et littéraire de Françoise Livinec.
David Raynal
Album Roscoff Edition de luxe numérotée 450 exemplaires numérotés format : 28 x 39,5 cm. Carton à dessin + 30 planches, 27,5 x 39,5 cm + cahier critique (textes : André Cariou, Benoît Houzé, Jean-Luc Steinmetz et Pierre Tilman). Prix : 175 euros.
Les trois espaces :
Galerie Françoise Livinec 29-33 avenue Matignon 75008 Paris Téléphone : +33 (0)1.40.07.58.09 Ouverture du lundi au samedi De 10h à 19h
L'École des filles 25 rue du Pouly 29690 Huelgoat Ouvert du 22 juin au 22 septembre Tous les jours de 11h à 19h Téléphone : +33 (0)2.98.99.75.41
La Maison du Lac 11, rue du Général De Gaulle 29690 Huelgoat +33 (0)2.98.99.75.41 Ouvert du 22 juin au 31 août Tous les jours de 14h à 19h Téléphone : +33 (0)2.98.99.75.41
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Hangar’t : Pop art paysan2013-01-09T16:10:00+01:00https://www.lindigo-mag.com/Hangar-t-Pop-art-paysan_a361.htmlhttps://www.lindigo-mag.com/photo/art/imagette/5080813-7583548.jpg2012-12-31T12:03:00+01:00David Raynal
Ce n’est pas tous les jours qu’un groupe d’agriculteurs et de ruraux bretons présentent leurs tableaux à Paris, juste après avoir fêté les 20 ans du collectif à New York !
Du 26 octobre au 1er novembre 2012, les artistes du Hangar’t se sont en effet transportés outre-Atlantique comme un juste et émouvant retour des choses dans la ville de leur mentor, le maître du Pop Art Andy Warhol, pour une exposition organisée en plein cœur de Manhattan et intitulée «From Gauguin to Warhol».
Ecoutez l'interview d'Yves Quentel sur l'aventure du Hangar't.
C’est en 1992 qu’Yves Quentel, journaliste passionné d’arts plastiques, mobilise les habitants de Nizon, un petit bourg rural de la commune de Pont-Aven, dans le sud-Finistère en Bretagne. L’idée ? Travailler sur la mémoire du village, d’un mode de vie qui s’estompe au fil des ans et des générations qui passent, retrouver des documents et des photos afin d’en faire des tableaux, à la manière du Pop Art.
«Le Hangar’t, ce sont des tableaux aux couleurs vives, des vaches bleues, des chevaux à la crinière rose ou verte, des portraits de toutes les couleurs d’une Mamm-gozh (grand-mère) en coiffe...», explique Yves Quentel, fondateur du Hangar’t .
Les peintures du Hangar’t, tout comme les peintures d’Andy Warhol, sont basées sur des photos, témoins de la réalité d’une époque. La mise en œuvre est assez simple : les photos, anciennes ou récentes, sont photocopiées et retravaillées afin de dégager des surfaces de même densité. Elles sont ensuite transformées en diapositives, projetées sur un support et traitées en aplat de couleur, selon une méthode propre au Hangar’t. A partir de cet instant, c’est à chacun de laisser aller son imagination, jusqu’à faire surgir des champs d’herbe rose, des chevaux à la crinière verte, des hommes aux visages bleus…
Mémoire du passé
L’aventure du Hangar’t reste d’abord celle des gens de Nizon, qui se sont réunis pour affirmer leur présence, leur identité et préserver la mémoire du passé sans visées mercantiles puisque les œuvres qui appartiennent au collectif ne sont pas vendues. Ces artistes improvisés, passionnés et autodidactes, sont dans « le civil » agriculteurs, éleveurs, architecte, bouchère, chauffagiste, crêpière, menuisier, retraités, lycéens. Ils racontent eux-mêmes leur histoire, loin de l’histoire officielle et des modes d’expression habituels.
« Depuis la création de notre association en 1992, de nombreuses personnalités sont venues à Nizon s’essayer à la technique si particulière du Hangar’t. Le dessinateur René Pétillon (Jack Palmer, l’Enquête Corse) est par exemple venu peindre sa « Mamm Gozh ». Il suit depuis avec grand intérêt nos travaux », explique Yves Quentel.
Tout au bout de la Bretagne Sud dans le pays de Cornouaille se trouve le petit bourg de Nizon, rattaché depuis 1954 à la commune de Pont-Aven. La célèbre cité des peintres poursuit ainsi avec légèreté et de façon iconoclaste une tradition artistique amorcée par Paul Gauguin qui, il y a 150 ans, proclamait déjà le droit de tout oser. C’est là, à Nizon, qu’il s’est inspiré de la Pietà sculptée sur le calvaire pour peindre son Christ vert. C’est là qu’il a trouvé, dans la Chapelle de Trémalo, le motif de son Christ jaune. C’est encore là que le curé de la Paroisse refusa la Vision que Gauguin voulait accrocher dans l’église…
Il y a 20 ans, ils étaient une poignée à la première réunion. Ils sont aujourd’hui plus de 80 à avoir réalisé au moins un tableau à l’atelier du Hangar’t et à vouloir l’exposer aux quatre coins du monde comme autant de porte-drapeaux de la culture contemporaine bretonne. « Couleurs locales, Le Hangar’t dépeint Nizon » est décidément une exposition gratuite à découvrir d’urgence… D.R.
plus d'infos
Couleurs locales, Le Hangar’t dépeint Nizon jusqu’au 25 janvier 2013 à la Maison de la Bretagne
du lundi au vendredi de 9h30 à 18h00 Entrée gratuite
Maison de la Bretagne 8, rue de l’Arrivée - Paris XVe Mo Montparnasse-Bienvenüe - 01 53 63 11 50 -