« Je ne suis pas communiste, je suis individualiste. Je crois à la liberté. C’est toute ma politique »
Après son départ de New York le 18 septembre 1952, alors qu’il est en route vers l’Europe avec toute sa famille pour la promotion de son film Limelight, un câble arrive à bord du Queen Elizabeth annonçant au réalisateur-comédien, soupçonné de menées activistes et de mœurs dissolues par le sénateur McCarthy, la révocation avec effet immédiat de son visa américain. A son arrivée à Cherbourg, toute la presse internationale l’attend. Une conférence de presse est improvisée dans le salon de thé du paquebot.
Très calme, Charlie Chaplin apparaît : « Je ne suis pas communiste, je suis individualiste. Je crois à la liberté. C’est toute ma politique ». Privé de son visa de retour, l’artiste décide de s’installer en Europe. Il trouve un havre de paix à Corsier-sur-Vevey, au-dessus de Vevey, sur les bords de la Riviera suisse. C’est là, dans sa propriété de 14 hectares, le Manoir de Ban, qu’il écrira et produira ses deux derniers films Un roi à New York et La comtesse de Hong-Kong avant de s’éteindre doucement la nuit de Noël 1977 entouré de ses enfants et de sa chère Oona.
Pour cet artiste incommensurable qui marqua l’histoire du cinéma, aucun lieu n’existait dédié à sa mémoire, à son œuvre. C’est en tout cas ce que pensaient en 2000 un Suisse, Philippe Meylan et un Québécois, Yves Durand, les concepteurs du futur musée Chaplin. Et quel lieu plus approprié pour créer un musée que le Manoir de Ban. L’architecte et le muséographe se tournèrent vers la famille de Chaplin qui accepta l’idée d’un site muséal qui présenterait la vie familiale du cinéaste dans sa résidence et son œuvre sous la forme d’un parcours à travers ses films dans un autre bâtiment, le Studio. En somme, d’un côté Chaplin, de l’autre Charlot.
Il faudra plus de dix ans d’études, de devis, de consultations et de concertation pour que débute les travaux. La Compagnie des Alpes avec sa filiale Musée Grévin apporta son savoir-faire et le 16 avril 2016 eut lieu l’inauguration du Chaplin’s World en présence de Michael et Eugene, les enfants du grand homme. Très vite, pour le plus grand bonheur des promoteurs, le succès fut au rendez-vous avec 300 000 entrées pour les premiers six mois. Il faut dire que la réalisation est d’une grande qualité et d’une grande richesse grâce à la muséographie qui met en scène une trentaine de mannequins de cire représentant les personnages du monde de Chaplin.
Le studio
Au sous-sol un grand espace représente un studio de tournage où l’on croise Paulette Godard et Douglas Fairbanks avec les décors des Temps Modernes et la cabane de la Ruée vers l’or. Le long d’Hollywood Boulevard, la petite fleuriste aveugle des Lumières de la ville, le salon du barbier du Dictateur, la prison du Kid sont quelques unes des étapes représentées qui jalonnent la route du vagabond. Dans une vitrine, sont exposés grâce aux enfants Chaplin les effets qui participèrent à la légende de Charlot : ses chaussures, son chapeau, sa canne.
La naissance de Charlot
Le manoir
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- Comment y aller : le plus pratique, le TGV Lyria au départ de Paris, destination Lausanne (4h). Correspondance pour Vevey. De la gare de Vevey, un petit bus rejoint le musée.