Culture

“Chroniques“ de Françoise Sagan ou l’art de se jouer des extrêmes

Actuellement à l’Artistic Théâtre à Paris, dans une mise en scène de Cabaret littéraire par Anne Marie Lazarini Avec Coco Felgeirolles, Frédérique Lazarini, Cédric Colas et Guilherme de Almeida au piano sur une musique de Andy Emler.

Par Catherine Gary



Affiche théâtre "Chroniques " Françoise Sagan, @ Artistic Théâtre

Françoise Sagan "Bonjour Tristesse". @ Site Officiel F.Sagan
Depuis sa disparition en 2004 le “charmant petit monstre“ comme l’appelait François Mauriac manque singulièrement à la scène littéraire qui a perdu avec elle une certaine désinvolture faite de paroles franches en phrases courtes, d’une façon de ne pas se prendre au sérieux et même d’un droit à certains échecs malgré un Bonjour Tristesse qui en 1954 fut pour ses dix-huit ans un coup de maître.



Ce soir c’est une autre Sagan, celle de ses Chroniques dans la presse de 1954 à 2003, qui nous en dit plus sur elle-même grâce au jeu nuancé de trois comédiens, Frédérique Lazarini, Coco Felgeirolles et Cédric Colas accompagnés du pianiste Guilherme de Almeida.

Mise en ambiance dès l’entrée de la salle. Nous ne serons pas seuls…dans les rangées de fauteuils en velours rouge les amis de Sagan sont déjà installés. On reconnait dans les effigies en carton Jacques Chazot, Juliette Gréco, Sartre, Mitterand et bien d’autres. Au niveau de la scène chaises et tables du cabaret littéraire attendent les spectateurs ainsi que le bar au néon qui complète la mise en scène avec serveur de cocktails…

« Rouler vite, boire du whisky, vivre la nuit », voilà la profession de foi qui aura rythmé les différents moments d’une vie vouée aux passions flamboyantes et risquées au point de s’y brûler.

A l'Artistic Théâtre, Paris, "Chroniques" de Françoise Sagan @ DR
Celle du jeu pour commencer, que Françoise Sagan décrit avec minutie, celle de la vitesse au volant de bolides qui l’étourdissent. Ajoutez à cela l’alcool, la fumée des cigarettes, l’emprise de drogues…

Mais la romancière a aussi ses admirations moins dangereuses. Elle parle de distances parcourues pour aller écouter son idole noire, Billie Holiday, loin des salles admises par les blancs, de sa fascination pour Orson Welles, un géant. Moins convaincants, trop superficiels peut-être, ses commentaires sur New York qui pourtant l’enthousiasme et ceux après un séjour à Cuba où elle semble passer à côté de l’essentiel. A son crédit la défense avec force de Djamila Boupacha torturée pendant la guerre d’Algérie et l’hommage aux infirmières trop souvent présentes à son chevet…

Tout cela est joué avec maestria par ces trois comédiens qui alternent dans le choix des extraits, se répondent, se renvoient la balle avec générosité devant le rideau rouge entre-ouvert sur un grand écran où de temps en temps apparaissent des images d’archives en noir et blanc mais toujours vivantes. Le tout pour quelques moments de douce nostalgie comme le sillon laissé derrière elle par cette “petite musique“ faite de solitude, de désinvolture affichée et de  liberté revendiquée.Voilà pour un moment de grâce avec Françoise Sagan joliment orchestré par la mise en scène, les comédiens et le pianiste.
 

 C.G
 

Coco Felgeirolles, Frédérique Lazarini, Cédric Colas dans "Chroniques" de Françoise Sagan à l'Artistic Théâtre Paris. @ DR

Plus d’infos
 
 
 









Chroniques 1954-2003
De Françoise Sagan




Cabaret Littéraire mise en scène de Anne Marie Lazarini
Avec Coco Felgeiolles,Frédérique Lazarini, Cédric Colas
Guilherme de Almeida au piano sur une musique de Andy Emler.





Artistic Théâtre
45bis rue Richard Lenoir.
75011 Paris
 

Tél. : 01 43 56 38 32

 


17/11/2021
Catherine Gary




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