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Reportage

Découvrir la Guyane : nature, sciences et cultures en terre amazonienne

Ancrée en Amérique du Sud, la Guyane française s’avère une destination singulière. L’ancienne colonie pénale n’oublie en rien le passé du bagne, tout en ouvrant les portes du futur. Peuples autochtones, centre spatial de Kourou et cultures vivantes cohabitent au sein d’une nature amazonienne florissante. De quoi ravir les sens !

Par Claude Vautrin



Découvrir la Guyane : nature, sciences et cultures en terre amazonienne

Guyane25 Kourou Kalawachi. Centre culturel amérindien
Guyane25 Kourou Kalawachi. Centre culturel amérindien

Une forêt riche en biodiversité, omniprésente sur 96 % du territoire, des fleuves majestueux, une population mêlant volontiers les cultures, un haut lieu mondial de la conquête spatiale : la Guyane-Amazonie conjugue à merveille le slogan « Nature/Sciences/Cultures » qui lui est cher, pour attirer à elle les visiteurs tentés par une destination, il est vrai, singulière. La seule collectivité française d'Outre-mer de nature continentale revendique non sans atouts son ancrage en Amérique du Sud.

L’ancienne colonie pénale cultive une moins noble mémoire via ses anciens bagnes, aujourd’hui ouverts à de plus lumineuses destinées. Le territoire ultramarin regarde tout autant vers le ciel depuis l’imposant centre spatial de Kourou. De quoi ouvrir des horizons pluriels de découverte !

Cette diversité s’exprime déjà sur le plan humain, donc culturel, sur une terre où se mêlent les nouvelles générations des peuples natifs, des « Noirs marrons » (les descendants d’esclaves africains), des bagnards échoués un jour dans les geôles de la colonie, des conquérants d’hier, des migrants haïtiens, surinamiens, brésiliens, Hmong... 17 langues sont ainsi reconnues dans la collectivité territoriale de Guyane par le ministère de la Culture. C’est dire la richesse de l’âme guyanaise.


Six peuples autochtones

Guyane25 Saint-Laurent du Maroni Balaté Village amérindien
Guyane25 Saint-Laurent du Maroni Balaté Village amérindien

 Une virée en pirogue sur le fleuve Maroni, frontalier avec le Surinam, vous met vite en présence des descendants des peuples autochtones attachés à partager leurs coutumes natives. Au sud de Saint-Laurent-du-Maroni, à deux pas de La Charbonnière où se déversent depuis le Surinam les produits de contrebande ou débarqués des supermarchés chinois ayant pignon sur le fleuve, Balaté, abritant une communauté de Lokono (ou Arawak), a fait le choix de la sérénité ancestrale. Sur les étals de son petit marché : des noix de coco, de l’huile de coco, des citrons verts, des tissus colorés…

Sur la rive, une femme prépare le repas, entourée d’enfants sages. En 2009, une équipe d’archéologues a découvert dans ce village des vestiges d’une occupation amérindienne d’importance et de longue date (vases, poteries, urnes funéraires…). Leur présence est reconnue sur la côte caraïbe dès la fin du VIe millénaire avant notre ère.


Au centre culturel Kalawachi

Guyane25 Kourou Kalawachi. Centre culturel amérindien
Guyane25 Kourou Kalawachi. Centre culturel amérindien

Ils sont aujourd’hui entre 13 000 et 14 000, représentant six peuples autochtones sur le territoire guyanais : les Kalina, les Arawak et les Wayana à l'ouest ; les Palikuene sur le littoral ; les Teko et les Wayampi à l'est. La mémoire du passé et sa transmission sont fortes, les enjeux à la fois vitaux et spirituels.

À Kourou, le centre culturel Kalawachi valorise leur patrimoine culturel en s’appuyant sur les arts et artisanats, l’approche de la nature, la découverte de la pharmacopée traditionnelle et de spécialités culinaires, ou encore la pratique d’ateliers artisanaux. La halte est à la fois apaisante et réflexive. Là-bas, pas si loin, au centre spatial, on prépare le pas de tir pour lancer un satellite. Au sommet du carbet, « le ciel de la case », le Maluana, brille des symboles de l'éternité.


Ariane 6, jaguars et paresseux

Découvrir la Guyane : nature, sciences et cultures en terre amazonienne

 

Parlons-en justement de Kourou et de ses conquêtes célestes. Sous l’égide du CNES (le Centre National d’Études Spatiales), le Centre spatial guyanais, qui fait de la France la troisième puissance spatiale au monde, se visite… gratuitement. En 3 h 30, la découverte vous propulse dans un univers forcément étonnant. 

Au programme : la Salle Jupiter, centre de contrôle, et des pas de tir, dont le plus récent, celui d’Ariane 6. L’immersion, cette fois ludique et interactive, se fait également dans le récent « Explorez Guyaspace Expérience », au cœur même du centre. Attractif à souhait. Enfin, les amoureux de nature découvriront, sous la conduite d’un agent de l’ONF, l’incroyable diversité régnant au cœur de la savane sur ce territoire protégé, entre jaguars, paresseux, loutres et autres caïmans.


7. Guyane 2000 Iles du Salut Saint-Joseph Un ara
7. Guyane 2000 Iles du Salut Saint-Joseph Un ara
La nature s’impose sans conteste comme un atout majeur de la Guyane. Ici, un seul hectare de forêt, que l’on peut appréhender lors d’une nuit sous un carbet, concentre jusqu’à 150 espèces d’arbres, soit dix fois plus qu’en zone tempérée. De nombreuses espèces animales rares ou endémiques s’y épanouissent : jaguar et paresseux donc, mais aussi tamanoir et ibis. Au total, 740 espèces d’oiseaux, 188 espèces de mammifères et un tiers des insectes connus de la planète qui ne manquent pas de vous observer !

Les requins, « deuxièmes gardiens » du bagne

Le camp de la transportation
Le camp de la transportation

Les eaux s’avèrent également un refuge pour la faune marine. Sur l’île Royale, l’une des trois îles du Salut où furent reclus, parmi des milliers d’autres, le capitaine Dreyfus, le maître de scierie Guillaume Seznec et l’anarchiste Marius Jacob, des panneaux ne trompent pas sur l’un des atouts tendance du site : le calme et la communion avec la nature.

Le premier informe sur la biodiversité marine locale : Lamantin, Gros-yeux, Z’appât la vase, Anchois grande aile ont ici leurs aises, comme les tortues, vertes ou imbriquées, qui se jouent des vagues. On vient ici désormais pour se faire plaisir, comme en témoignent les cris joyeux des baigneurs en mouvement dans ce qui fut la « piscine des bagnards », un bassin aménagé dans les années 1880 à l’abri de la houle et des requins. L’enfer d’hier serait-il devenu paradis ?


L'île du Diable
L'île du Diable
La mémoire n’en reste pas moins vive à l’approche d’un bâtiment dénommé « la boucherie », faisant face à la sinistre île du Diable, où Dreyfus fut reclus plus de quatre ans. D’ici, des agents de l'AP (Administration Pénitentiaire) jetaient la viande pour attirer les requins, « deuxièmes gardiens » du bagne guyanais. Les vestiges d’un transbordeur, construit en 1895, évoquent la nacelle permettant de transporter nourriture, personnel et matériels sur l’île du Diable, dont personne ne pouvait s’échapper. Atmosphère !

Le quartier disciplinaire

Quartie disciplinaire
Quartie disciplinaire

 

L’organisation méthodique du bagne transparaît aussi dans la montée vers « le plateau », où folâtrent dans une nature exubérante des Capucins bruns, petits singes espiègles, et où se morfond un Ara solitaire dans les hauteurs d’un manguier géant. Une villa opulente au balcon panoramique en dit long sur le statut et la toute-puissance du directeur, tandis que se profilent déjà les bâtiments de l’administration pénitentiaire, les hôpitaux, l’église, la caserne, le cimetière, entre autres camps des transportés et ses dortoirs collectifs accueillant jusqu’à 200 bagnards ! Il faudra attendre l’enquête « Au Bagne » d’Albert Londres, publiée le 8 août 1923 dans Le Petit Parisien, pour que les bas-flancs collectifs en bois soient remplacés par des hamacs individuels !

Le pire est pourtant à venir, quand se découvrent les restes du quartier disciplinaire : cellules noires et claires, guillotine remisée aujourd’hui dans les réserves du camp mais hier prête à être montée à même la cour, et obligation, pour les bagnards récalcitrants emprisonnés ici, d’assister à la mise à mort.


« Petit Paris » et Camp de la Transportation

Camp de transportation
Camp de transportation

Sur l’île Saint-Joseph, la nature reprend le dessus, mais les vestiges des cellules envahies par la végétation ravivent le souvenir douloureux. La Guyane compta plus d’une vingtaine de camps forestiers ou artisanaux, et des pénitenciers dont certains flottants. Elle vit même la naissance en 1880 d’une « commune pénitentiaire », en l’occurrence Saint-Laurent-du-Maroni, construite « par et pour les bagnards ». Son Camp de la Transportation se visite toujours, comme le quartier « Le Petit Paris » à l’architecture de briques rouges fabriquées à Saint-Jean-du-Maroni par les bagnards, il est vrai plus qu’impliqués dans l’aménagement et le développement de la Guyane d’alors.

Ce temps-là est révolu. Aujourd’hui, la Guyane-Amazonie s’avère terre de découvertes surprenantes, enjouées et instructives, où biodiversité et hospitalité font bon ménage, où mémoire et savoir s’allient pour enrichir un séjour forcément vibrant.


Cayenne
Cayenne

Plus d’infos

Contact Comité du tourisme de la Guyane – 5 Rue de Stockholm, 75008 Paris Tél. : 01 42 94 15 16 - https://www.guyane-amazonie.fr/commerce/comite-du-tourisme-de-la-guyane/

Y aller Air Caraïbes. La compagnie antillaise propose des vols directs entre Paris et Cayenne. 8 à 9 h de vol, selon les vents. Prix d’appel hors saison aux alentours de 600 euros. Vols quotidiens l'été et pendant les vacances de Noël et de la Toussaint (sauf le samedi). Le reste de l'année, vols les mardi, jeudi, vendredi et dimanche. https://biz.aircaraibes.com/user/login?destination=/node/1

Pratique Pour les voyageurs français, une carte d’identité suffit. Décalage horaire : 4 heures en hiver, 5 heures en été (par rapport à Paris). La monnaie est l’euro. De 25°C à 30°C toute l’année. La saison sèche s’étend de début juillet à fin novembre. Averses jusqu’à fin février. La saison des pluies, à éviter, se concentre entre mai et juin.

Visiter

  • Îles du Salut Liaisons quotidiennes toute l’année depuis le port de plaisance des Balourous à Kourou en voilier, catamaran moteur ou navette. Promaritime : Départ 8h30 (arrivée à Royale vers 9h30). Retour à 16h30. Tél. +594 (0) 594 28 42 36 Deux circuits de randonnée : l’un de 3 km retrace l’histoire du bagne sur l’île Royale, le second met en avant la biodiversité marine. Auberge des îles, Île Royale, Kourou. Tél. +594 06 94 24 69 59

  • Saint-Laurent-du-Maroni Office de Tourisme : 1 Esplanade Laurent Baudin, Saint-Laurent-du-Maroni 97320. Tél. +594 594 34 23 98 Camp de la Transportation, avenue du lieutenant-colonel Chandon, visite guidée à partir de 8 euros.

  • Kourou Centre spatial de Kourou : Visite gratuite d’environ 3h30, deux fois par jour en bus. Inscription sur le site internet obligatoire 48h à l’avance par mail à visites.csg@cnes.fr ou Tél. 0594 33 77 77 - https://centrespatialguyanais.cnes.fr/fr/rendez-nous-visite Explorez Guyaspace Expérience : ne pas rater cette immersion à vivre absolument de façon interactive et ludique sur le site du centre spatial guyanais. https://centrespatialguyanais.cnes.fr/fr/guyaspace-experience Centre amérindien Kalawachi : Route de Dégrad Saramaca, Kourou 97310, Guyane française. Tél. 06 27 26 54 03



23/12/2025





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