Culture

Le Roi se meurt de Ionesco, l’apothéose de Michel Bouquet !

Cette pièce d’Eugène Ionesco, audacieuse, burlesque et métaphysique à la fois, nous fait passer du rire à l’émotion et nous interroge tout au long. Au Théâtre Hébertot jusqu’au 8 mai dans une mise en scène de Georges Werler avec Michel Bouquet, Juliette Carré, Nathalie Bigorre, Pierre Forest, Lisa Martino, Sébastien Rognoni.

Par Catherine Gary



Le Roi se meurt de Ionesco, l’apothéose de Michel Bouquet actuellement au Théâtre Hébertôt avec à ses côtés dans le rôle de la reine Marguerite la grande comédienne Juliette Carré (Crédit Photo Lot)
Tout d’abord, un immense bravo ! C’est ainsi que la salle, debout, clôt la prestation de cet éternel jeune homme au regard malicieux, si près pourtant de l’âge du rôle qu’il incarne.

Michel Bouquet, 89 ans, triomphe en ce moment au théâtre Hébertot, pour quelques représentations encore. Dépêchez-vous de réserver vos places, il n’y en aura pas pour tout le monde ! Afin d’applaudir ce monstre sacré du théâtre qui rêve sans doute de mourir sur scène comme Molière. Il l’a dit autrement, dans un sourire, lors d’un échange avec Grégory Gadebois, « cette pièce est une excellente thérapie pour apprendre à mourir ». La pièce, il l’a jouée plus de 800 fois au cours de sa longue carrière et va peut-être, ajoute-t-il avec la modestie des grands, y arriver.  En nous apprenant par la même occasion à jouer notre propre rôle dans ce qui nous attendra un jour. Car nous sommes ici tous concernés par cette fin de partie.

Refus peut-être, révolte, oubli ou résignation, la mort reste “scandaleuse“ quand on n’a pas voulu l’envisager. C’est le cas du roi tyrannique Bérenger 1er qui refuse d’admettre que ses jours touchent à leur fin. Il agonise mais s’obstine à garder son sceptre dressé et à ordonner que le monde continue sa course selon ses volontés.  Il s’entête entre ses deux femmes, la Reine Marguerite, la première épouse qui le brusque, l’énerve, le force à la raison et au deuil de ses caprices enfantins à vouloir arrêter le temps. La Reine Marie, plus jeune et amoureuse encore de son roi, l’encourage dans ses efforts pour lutter contre la mort. A la fin, c’est la plus ancienne compagne qui l’aidera à l’acceptation… Symboles du pouvoir chancelant : le garde, burlesque, symbole d’une armée réduite à l’état de  fantoche et Juliette, la servante qui court de tous côtés comme une girouette désarticulée.

Une scène du "roi se meurt" actuellement au Théâtre Hébertot (Crédit photo Lot)
Saluons les idées de mise en scène de Georges Werler et les costumes  de Pascale Bordet :

la Reine Marguerite richement parée de pourpre, Marie toujours en robe de mariée.Quant au personnage du roi, il est affublé d’une couronne et d’un sceptre burlesques, derniers signes de sa royauté.

Michel Bouquet, déjà récompensé pour ce rôle de roi déchu par le Molière du meilleur comédien en 2005, puise jusqu’à la quintessence dans le texte de Ionesco qu’il renouvelle chaque soir en compagnie de sa femme, Juliette Carré, impériale dans le rôle de Marguerite.

On sort bouleversés par ces trois interprétations avec une émotion à chaque instant déjouée par les interventions cocasses du garde et de la servante qui apportent à la mise en scène une note de comique irrésistible. Une des meilleures pièces de l’année à ne pas manquer ! C.G.



Le Roi se meurt. Jusqu’au 10 mai.
Théâtre Hébertot
78bis, boulevard des Batignolles 75017 Paris
Réservations : 01 43 87 23 23
Prix des places : de 15 à 45 euros.
 

 


 

Michel Bouquet qui incarne avec brio le roi Béranger 1er dans la pièce de Ionesco "Le roi se meurt" actuellement au Théâtre Hébertot (Crédit Photo Lot)


21/04/2014
Catherine Gary




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