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Reportage

Sénégal : l'Ile de Gorée pour l’histoire, Mbour pour le dépaysement et Saly pour la plage et le Lac Rose.

Jadis meurtrie par l’histoire, la côte Sénégalaise affiche aujourd’hui les couleurs de la vie. De là partirent des milliers d’hommes menés en esclavage… Entre Dakar à Sally, le passé colonial se mêle à la chaude ambiance africaine. Un souvenir qui teinte de mélancolie la beauté des côtes et l’effervescence bigarrée des villages.

Texte et photos Catherine Gary



Vue à l'arrivée sur l'ïle de Gorée
Vue à l'arrivée sur l'ïle de Gorée
Moins de 20 minutes séparent Gorée de Dakar. Et c’est dans un joyeux tintamarre que le ferry déverse, plusieurs fois par jour, son flot de touristes pour quelques heures de calme et de méditation sur cette île au charme authentique. Ils sont immédiatement pris d’assaut par une meute de jeunes sénégalaises aux sourires irrésistibles qui se sont affublées pour l’occasion de prénoms d’artistes à la française. « Je m’appelle Vanessa ! Tu viens me voir dans ma boutique tout à l’heure ? »… Difficile dans cette ambiance d’imaginer d’autres flux, quelques siècles en arrière, quand Gorée se livre au trafic des esclaves… L’île, pour son malheur, se prête au mouillage des bateaux bien mieux qu’ailleurs sur la côte où une barre empêche le débarquement des chaloupes. Et si les vents sont favorables, on touche alors les côtes caraïbes en une vingtaine de jours tout au plus… Des atouts qui scellent un destin funeste. C’est ainsi que Gorée passe successivement aux mains des Hollandais, des Anglais et des Français qui en font un refuge pour les négriers et une prison pour leurs victimes pendant plus de trois siècles.
 

Jeune Sénégalaise
Jeune Sénégalaise
Les siècles de traite négrière ont marqué l’île de Gorée


 Chacun se doit de visiter d’abord la Maison des esclaves, témoin de cette époque peu glorieuse, qui conserve encore la poignante réalité de moments appartenant à l’histoire universelle. Construite dans les dernières années du XVIIIe siècle par une signare, Anne Pépin, une de ces riches métisses s’étant attiré les faveurs des Européens, elle servait à la fois, au niveau du sol, de cachots pour les esclaves avant leur grande traversée sans retour, et, à l’étage, de résidence pour les maîtres. Cruelle cohabitation.

A la pointe de l’île, l’impressionnant fort d’Estrées défendu par ses canons a été transformé en musée historique, avec force documents et objets datant de l’époque coloniale.Si ce premier site d’Afrique de l’Ouest, classé au Patrimoine mondial par l’Unesco, a su préserver les vestiges de cette histoire qui dura des siècles, il a aussi gardé son charme d’antan.

C’est tout le paradoxe de ce lieu de mémoire, de pèlerinage et de tourisme à la fois. Une  dualité présente dans la beauté du site naturel avec ses forts et ses maisons aux crépis mêlant leurs camaïeux de vieux roses au bleu de la mer. Le long des ruelles étroites et paisibles, les bougainvilliers s’accrochent aux façades et derrière les porches entr’ouverts, on devine l’exubérance végétale des jardins s’ouvrant sous des vérandas à colonnes. Dans les sous-sols pourtant, les esclaves s’entassaient jadis avant d’être embarqués pour les Amériques…

retour de pêche à Mbour
retour de pêche à Mbour
Le retour de pêche à Mbour, un spectacle haut en couleur
 
Changement radical d’ambiance  sur la Petite Côte, à Mbour, 90 km au sud de la capitale. En fin de journée, dans la lumière déclinante, l’animation est à son comble sur le port de pêche, deuxième du pays. Les barques lourdement chargées s’approchent du bord pendant que les chariots, tirés par des chevaux à moitié submergés dans l’eau, viennent les décharger. On dirait le retour d’une pêche miraculeuse.  En fait de port c’est une plage où une foule bigarrée d’hommes et de femmes piétine dans le sable à l’arrivée des dizaines de pirogues. Il faut se faufiler entre les séchoirs à poissons qui longent la plage et les étals déjà approvisionnés, dans une odeur si forte que le cœur chavire, le temps de s’habituer.
Chaque jour, la ville entière est ici affairée à l’heure où arrivent les pêcheurs. Avec, installé pêle-mêle sur le sable, le marché aux poissons. Les transactions vont bon train entre les femmes aux boubous chatoyants, aux coiffes nouées sur la tête. Pas de temps à perdre vue la concurrence des étals. C’est à celle qui vendra la première ses mulets, ses dorades, ses rougets ou ses bars. Dans ce tohu-bohu, les touristes n’ont pas vraiment la cote. Il faut être discrets et gare aux photographes car ici on refuse de  prendre la pose.
  

Baobabs
Baobabs
Saly Portudal, un petit paradis légèrement ternie par l’image du tourisme sexuel
 
 C’est à 20 minutes en voiture en longeant la côte que les touristes rejoignent ensuite leur destination fétiche au Sénégal : Saly Portudal. Un petit paradis de sable doré sous les cocotiers dans une baie protégée du vent, des marées faibles, une eau toute l’année au-dessus de 20°… de quoi se remettre de tous les stress accumulés.
Les hôtels donnant sur la plage proposent, pour la plupart, toutes sortes d’excursions : pêche en mer, balades en 4X4 dans la brousse, découverte des réserves naturelles ou du Lac Rose.  Sans oublier l’émotion qu’on ressent en découvrant les étendues de baobabs, ces immenses sculptures à la peau d’éléphant dont les branches telles des griffes portent des feuilles minuscules. On dirait presque des êtres vivants.
 La beauté de la côte est incontestable, la gentillesse des gens proverbiale, mais attention:  « cette description idyllique ne doit pas cacher que le tourisme sexuel a pris de l’ampleur depuis quelques années, malgré la vigilance des autorités et des associations de défense de l’enfance ». A  cet égard, le « Guide du Routard » a mis ses lecteurs en garde contre les abus qui ternissent quelque peu l’image de charme de cette station.
C.G.
 

Hôtel Beach Palm à Saly
Hôtel Beach Palm à Saly
Pratique
 

Partir
Air France exploite une rotation quotidienne sur Dakar en Boeing 777
5 h 40 de vol. Départ CDG Terminal 2E.

Prix : à partir de 649€ TTC A/R
www.airfrance.com
 
Préparer son voyage
Formalités : passeport en cours de validité. Pas besoin de visa
Aucun vaccin n’est obligatoire mais emportez votre carnet de vaccinations.
Ambassade du Sénégal
14, av. Robert Schumann, 75007 Paris
Tél. : 01 47 05 39 45
www.ambasseneparis
 
 


Hébergement

Coup de cœur : Hôtel Palm Beach de Framissima
L’un des fleurons de Saly s’ouvrant sur la plage, entièrement réaménagé. Entre paysages de brousse, étendues de baobabs et villages de pêcheurs. Spa, équipements sportifs, proximité du golf. Possibilités de pêche en mer et d’excursions à Gorée, dans la brousse et au Lac Rose.
A partir de 995 euros TTC, les 7 nuits, le vol A/R, l’hébergement et la formule tout compris.
www.fram.fr
 

 

Grenier à mil
Grenier à mil
 Gastronomie

 Les saveurs de l’Afrique du Nord et du  Portugal se sont mêlées à celles de l’Afrique de l’Ouest. Le riz, le mil, l’arachide et le manioc en sont les éléments de base. Le poisson est abondant sur les côtes. En particulier le thiof ou mérou bronzé à la chair fine et ferme. Le tiéboudienne, plat national,  mélange de riz, poissons et  légumes, se cuisine de différentes façons : le "tieb khonhe", à la sauce tomate et le "tieb wekh", sans tomate. Le poulet remplace souvent les autres viandes. A déguster le yassa, plat typique, à base de poulet grillé mariné dans une sauce aux oignons et au citron. Egalement, le riz yolf ou tiebou yape, un plat de légumes et/ou viande mijotés dans une sauce à l'huile et aux tomates.
L'arachide, cultivée partout, entre dans la composition du mafé et du domanah,  toujours à base de viande ou de légumes. Le bassi-salété ("couscous" sur certains menus),  semoule de mil, de légumes et de viandes, est servi en général le soir ou pour les grandes occasions.

 
 
Lire

Sénégal et Gambie
Bibliothèque du Voyageur
Editions Gallimard
Prix : 27, 90 euros
 

Sénégal 2012
Le guide du Routard
Dans toutes les librairies
 

Vue à l'arrivée sur l'ïle de Gorée
Vue à l'arrivée sur l'ïle de Gorée


19/11/2011
Catherine Gary





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