Culture

Théâtre : Il faut... Je ne veux pas....

Deux siècles, deux styles différents, deux couples à la veille d’un mariage possible, et une mise en scène confrontant l’évolution des mœurs sur cette question délicate. D’après :" Il faut qu'une porte soit ouverte ou fermée " d'Alfred de Musset et "Je ne veux pas me marier " de Jean-Marie Besset . Mise en scène Jean-Marie Besset

 , avec Blanche Leleu, Chloé Olivères et Adrien Melin. 

Scénographie : Gérard Espinosa, assisté de Muriel Chircop –Fayn.

Par Catherine Gary



Il faut... avec Adrien Melin et Blanche Leleu
Curieuse idée que celle-là : convoquer deux auteurs sur une même scène malgré les siècles qui les séparent. Le pari risque de virer à la douche froide. Voyons donc… Le rideau se lève sur un badinage amoureux et très aristocratique sous la plume de  Musset, poète et auteur de théâtre qui usa avec maestria tous les recours du marivaudage dans son langage raffiné. Un comte, amoureux transis, fait ici sa cour à une marquise qui le dédaigne. Elle lui reproche vertement et très librement ses façons de séducteur mettant en doute ainsi la profondeur de ses sentiments. Cette féministe avant l’heure souhaite  que l’on s’adresse à son intelligence et pas seulement à sa beauté. Le pauvre diable, déstabilisé, ne sait plus quel argument honnête trouver. Mais en fin de compte… la marquise se laisse convaincre. Elle a des idées avancées certes, mais  l’heure n’a pas encore sonné du rejet de la sainte institution du mariage : nous sommes au XIXè siècle !
 

Je ne veux pas avec Adrien Melin et Chloé Olivères
Par un subtil jeu de mise en scène, une transition progressive se fait entre les deux époques et les deux écritures : le décor fait place à un riche intérieur où une jeune et belle universitaire, Vivien,  se concentre sur les derniers préparatifs du mariage. Pas vraiment détendue. Plutôt crispée tandis qu’elle fait le point sur les invités prévus à la noce. Arrive alors Tigrane, jeune financier et heureux futur marié, qui propose de l’aider. A partir de là, tout va déraper. Vivien exprime tour à tour ses doutes, sa méfiance, sa peur de perdre sa liberté… La discussion d’avant le mariage tourne au combat singulier dans des nuances tragi-comiques qui donnent du rythme à cet échange quasi guerrier.  Le futur couple va-t-il cette fois résister ?

Jean Marie Besset met en scène avec brio nos propres interrogations. Si déjà chez Musset une note de liberté s’exprimait dans le ton et les revendications formelles de la comtesse, que dire aujourd’hui du désarroi de la femme prise de vertige à deux pas de l’engagement ? Les arguments sont justes et cadrent avec la réalité… Le mariage a-t-il encore un sens ? En tous cas, ce sont les femmes qui tentent ici chaque fois de remodeler les enjeux d’une union jamais totalement gagnée.
 
Théâtre de l’Oeuvre
Du mardi au samedi 21h
Samedi et dimanche : matinées à 15h30
www.theatredeloeuvre.fr
 
 


14/03/2012
Catherine Gary




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