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Portrait

Thérèse Leduc : une skieuse vosgienne au firmament mondial

Au troisième millénaire, sa carrière sportive est quasiment enfouie dans les mémoires collectives ou sur des feuilles de papiers jaunies. Pourtant ! Au début des années 1960, bien avant l’éclosion des sœurs Goitschel, d’Annie Famose ou d’Isabelle Mir, une jeune vosgienne de Ventron fit parler la poudre sur toutes cimes internationales. Son nom ? Thérèse Leduc !

Par Bertrand Munier



Une Véternate au sommet de son art

Magnifique panorama du Massif des Vosges (Photo DR)
Magnifique panorama du Massif des Vosges (Photo DR)
Des onze enfants d’Émile Leduc et de son épouse Marie-Valdenaire, tous nés dans le Massif-Vosgien de Ventron, Thérèse fut la plus constante et la plus douée.

Ses frères et ses sœurs ne lui en tiendront jamais rigueur. Au contraire, ils l’admirèrent. Marguerite, très proche de la championne avait en permanence le visage irradié de tendresse quand elle parlait de Thérèse : « J’ai passé cinquante années merveilleuses de ma vie auprès de ma sœur qui était une skieuse hors pair, dotée d’une très grande gentillesse et d’une disponibilité permanente. Et de renchérir, en 1959 et 1960, elle se hissa à la première place mondiale et même si le trophée n’était pas encore en vigueur, elle obtiendrait (au XXIème siècle) deux ans de suite, le Globe de Cristal.»

Pour anecdote, l’amitié et la générosité de Thérèse Leduc marquèrent à jamais la plus grande championne française du ski alpin, Marielle Goitschel. Cette dernière rappelle souvent que le sang vosgien coule dans ses veines (par sa mère Hélène Demange-Jacquel née à Épinal). « J’en suis très fière, ressasse-t-elle. Pour preuve, cette anecdote. Thérèse, la plus forte des sœurs Leduc de Ventron, qui m’a précédé en équipe de France, m’a généreusement laissé sa place pour la descente des championnats du Monde à Chamonix (1962). C’est grâce à elle, qu’à 16 ans, j’ai remporté ma première médaille d’or, sur les neuf que je possède. »
 

 

Dans le gotha mondial du ski

de Gauche à droite Marguerite,Thérèse et Anne-Marie Leduc. Ces trois sœurs, événement sans précédent  dans le ski mondial, furent réunies sous le même maillot national (Crédit photo collection Marguerite Leduc)
de Gauche à droite Marguerite,Thérèse et Anne-Marie Leduc. Ces trois sœurs, événement sans précédent dans le ski mondial, furent réunies sous le même maillot national (Crédit photo collection Marguerite Leduc)
Née en 1934 au sein d’une famille où le mot solidarité n’est pas usurpé, la Véternate fut donc la première vosgienne, membre de l’équipe de France de ski alpin.

Elle sera rejointe par ses deux plus jeunes sœurs, Marguerite (1935) et Anne-Marie (1937). Son titre de gloire, elle l’obtint sur le continent américain où elle s’illustra aux Jeux de Squaw Valley (1960) en prenant une probante quatrième place. Ces trois sœurs, événement sans précédent  dans le ski mondial, furent réunies sous le même maillot national, après bien des atermoiements émanant des dirigeants de la fédération. Trois vosgiennes « jouant » dans la cour des grands et suppléant avec bonheur les représentantes du massif alpin… quelle hérésie !
 

Thérèse enfila son premier pull frappé du coq gaulois et du liseré tricolore, en 1955.

Thérèse la plus douée et la plus titrée des soeurs Leduc, toutes championnes de ski (Crédit photo collection Marguerite Leduc)
Thérèse la plus douée et la plus titrée des soeurs Leduc, toutes championnes de ski (Crédit photo collection Marguerite Leduc)
Elle éblouit le Grand Prix de Chamonix de sa prestance en reléguant les intouchables autrichiennes au rôle de spectatrice.

Avec célérité, les pistes de Val d’Isère, Morzine, Courchevel, Kitzbühel, Grindelwald, Garmisch… n’eurent plus de secret pour Thérèse.
 Mais une mauvaise chute la priva des Jeux olympiques de Cortina d’Ampezzo (1956) et des championnats du Monde de Badgastein (1958). Au sommet de son art, elle se brisa la jambe. Pour beaucoup, ce coup du sort était synonyme de résignation, équivalent à la fin inéluctable de sa carrière. Mais la montagnarde avait du tempérament. Elle reviendra auprès de Marguerite et d’Anne-Marie. Promis… juré ! Quelques mois après, sur le glacier chamoniard, elle pulvérisait à nouveau les chronos. Thérèse Leduc était de retour. Aux J.O américains, la petite vosgienne échoua finalement d’un rien et les exploits des « Leduc » vont retentir bien au-delà de la vallée vosgienne.
 
Quand Thérèse tourna le dos à la compétition, ce fut pour reprendre avec ses sœurs le flambeau paternel. En somme, l’héritage familial ! C’est-à-dire, le complexe Ermitage de Frère-Joseph, véritable institution du ski vosgien, fleuron touristique et sportif des Hautes-Vosges. Malheureusement un jour d’automne 1988, la championne de Ventron ferma les yeux à jamais dans les bras de sa sœur Marguerite, sur une route conduisant à l’hôpital d’Épinal. Âgée de 54 ans, elle venait de rejoindre prématurément le paradis blanc. Mais son souvenir reste à jamais vivace dans le cœur des Vosgiens et du ski français… tout comme dans celui de son neveu Thibaut qui gère désormais le grand complexe sportif et touristique l'Ermitage-Resort dans le Massif-Vosgien à Ventron.
 
Thérèse Leduc repose, chez elle, dans le cimetière de son village natal.

Les trompettes de la gloire ont cessé de sonner pour elle depuis fort longtemps, mais que ces XXème Jeux d’hiver de Sotchi, puissent mettre en lumière quelques instants cette immense championne… ainsi que ses dix autres frères et sœurs.
B.M.

 



Pour info

lien : Saga Leduc par Bertrand Munier

www.lindigo-mag.com/L-Ermitage-Resort-ou-le-fabuleux-destin-sportif-de-la-famille-Leduc_a542.html







Le massif des Hautes-Vosges (Photo DR)
Le massif des Hautes-Vosges (Photo DR)


12/02/2014
Bertrand Munier





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